Round final des Assises Nationales au Mali : «Comment refonder un Etat «déliquescent ?»

Round final des Assises Nationales au Mali : «Comment refonder un Etat «déliquescent ?»

Ce sont les dernières esquisses des Assises nationales tronquées, puisqu’une dizaine des partis politiques représentatifs et d’ONGS et surtout les groupes armés signataires de l’Accord d’Alger ont opposé un boycott actif à ce grand raout étatique, censés répertorier toutes les aspirations des populations vers un «Mali nouveau», verbatim du patron de la transition Assimi Goïta.

Hier 27 décembre 2021 dans la cuvette du centre international de conférences de Bamako, le «la» du Brainstorming final a été donné par le chef de la junte.

Qu’ont mentionné comme vœux les habitants des communes et des régions ? C’est  cette synthèse à laquelle vont s’atteler les séminaristes en atelier durant 48 heures, puis en plénière le jeudi 29 décembre, afin de déterminer vers quelle trajectoire va aller le Mali.

En tout cas, à écouter le président du comité national d’organisation, Koumaré de ce round final du parler vrai et de s’écouter malien, «il y a engouement et consensus autour des propositions, car chaque région et commune s’est exprimée».

Il n’est pas jusqu’au président de la Transition le colonel Assimi Goïta, qui évoque la reconstruction d’un pays «déliquescent». Mais peut-on réformer un Mali en décomposition au détour d’un rendez-vous national, boudé par des formations politiques comme Yéléma, le Parena, le RPM de l’ex-président déchu IBK, et des groupes armés qui ont apposé leur signature sur le poussif Accord d’Alger ? Peut-on refonder un Mali délesté de sa partie septentrionale et de son centre, et face à une polémique interminable sur les intervenants sur le terrain de guerre avec l’affaire Wagner ?

Jouant les habiles et fins manœuvriers, les putschistes de Kati, surtout leur chef auréolé d’un préjugé populaire favorable, tentent d’imposer leur calendrier politique au Mali.

D’où cet omerta sur l’agenda électoral, qui demeure quoiqu’on dise la colonne vertébrale du retour vers un Etat de droit.

Que les Maliens se retrouvent autour de ce grand arbre à palabre que sont les Assises nationales pour trouver à minima une matrice du Vivre-ensemble dans la concorde et la paix est louable, mais que ces retrouvailles servent à d’autres fins, comme le laissent croire les dirigeants de la Transition, il y a quelque chose de floue au bord du Djoliba.

Au demeurant, une Transition par essence a une durée de vie bien déterminée, a des objectifs bien définis, ceux de remettre certaines choses en ordre, organiser des élections et laisser le pouvoir qui a la légitimité et la légalité implémenter les valeurs que la Transition aura élaborées.

Une Transition ne peut pas prendre certaines mesures qui engagent le pays, car elle n’est pas issue d’un pouvoir électoral. C’est pourquoi, on sursaute, lorsque le président Goïta, parle de «refondation» et en même temps de « déliquescence». Il faudra alors ramener l’Etat malien dans son entièreté et sa plénitude, pour le refonder après. Vaste programme qu’une transition ne peut pas accomplir, à moins de s’éterniser à Koulouba.

Rien que la sécurité et la gouvernance, les deux plaies béantes du Mali prendraient tout le temps dévolu à cette transition. Il est donc de bon ton que la Transition daigne fixer un calendrier électoral. Ceci aura l’avantage de la clarté et mettra en confiance tous les Maliens et la Communauté internationale et permettra d’avancer. Mais vouloir balayer la maison Mali,  et s’y installer, pas sûr que cette pilule passe, même au niveau du petit peuple.

La rédaction

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