Un barrage cède et tout un village est dépeuplé. Cela peut être collé de Solai. Les digues du barrage de Patel ont rompu. Les coulées de boues et d’eau ont fondu sur la localité, emportant une quarantaine d’âmes dans leur chevauchée meurtrière.
Ailleurs, cette catastrophe aurait pu revêtir le pardessus de la surprise. Mais il s’agit du Kenya où depuis deux mois, des nuages déversent leur trop-plein sur le pays. Ces pluies, loin d’être bienfaisantes, sèment le deuil. 112 morts, plus de 260 000 déplacés, 19 000 têtes de bétail tuées. Ce sont les funestes chiffres que la Croix-Rouge a écrits récemment sur sa macabre ardoise. Un bilan qui va s’alourdir avec le dernier drame qui a frappé Solai.
Pourtant, ces nombres attristants auraient pu atténués, à défaut d’être totalement évités. Il est connu que les populations victimes de ces catastrophes sont logées dans des zones fortement inondables. Une situation qui n’est pas sans raison, puisque la question foncière n’est pas des plus clairement posée et résolue dans ce pays. Une meilleure répartition des terres éviterait que des Kenyans se retrouvent à squatter des lieux où des laves de boue vont raccourcir leurs vies.
Ensuite, il est temps que le gouvernement kenyan s’appesantisse sur la réalisation des promesses de construction d’infrastructures. Ces ruisseaux d’eau ne se transformeraient pas en messagers de la mort s’ils avaient des barrages pour brider leur fougue et stopper leur déambulation assassines. S’il y avait des retenues d’eau en nombre suffisant, le barrage de Patel ne se serait certainement retrouvé à devoir gérer un trop-plein d’eau qui le contraindrait à baisser les bras, en tuant d’innocentes victimes.
Enfin, il ne suffira pas de construire, il faudra également et surtout bien construire. La propension est trop forte sous les tropiques d’opérer des actions peu catholiques sur les fonds destinés à la réalisation d’infrastructures. Il ne serait pas étonnant que les digues du barrage de Patel n’aient pas la solidité requise du fait d’une densité non aux normes des liasses de billets de banque qui ont servi à les construire.
Tout compte fait, au lieu de perdre la quasi-totalité de leur temps à mener des batailles politiciennes creuses, les hommes politiques gagneraient à mettre réellement en avant les intérêts de leurs compatriotes qu’ils prétendent tant défendre dans leurs interminables et continuels discours. Il est temps de clôturer la liste des morts qu’on aurait pu éviter avec une légère couche d’once d’humanité.
Ahmed BAMBARA
COMMENTAIRES