Ce jeudi 28 juin dernier, jour de match de poules, la ville de Samara avait une atmosphère de moiteur équatoriale, tant la nuée de supporters colombiens laissaient présager un ciel sombre. Dans ce stade de Cosmos Aréna aux couleurs entièrement acquises à la Colombie, les Lions du Sénégal ont abordé la rencontre, pied au plancher. Prompts, bien regroupés en défense, intraitables dans les duels avec un Sadio Mané remuant, les Lions ont développé un appétit prometteur, mais hélas, stérile jusqu’au coup de sifflet final. Face à une équipe de la Colombie qui n’aura pas démontré grand-chose, les Lions du Sénégal qui semblaient présenter la meilleure ligne offensive des représentants africains, n’ont pas sorti les griffes, encore moins les crocs.
Dans ce match livré dans un esprit de «ça passe ou ça casse», il a manqué aux Lions de la Téranga, un meilleur discernement de la configuration des données. Malheureusement, on en attendait pas moins, en écoutant le sélectionneur Aliou Cissé, engagé dans un jeu sans calcul. Or, à un tel rendez-vous, il n’est pas superflu de faire tourner les méninges. Le capitaine Sadio Mané et ses camardes l’auront appris à leurs dépens, la volonté et la grande débauche d’énergie ne suffissent pas.
Le continent africain aura certainement applaudi à tout rompre, si le Sénégal avait inscrit le but qui le mettait à l’abri d’un réveil éventuel de la Colombie. Seulement voilà, les Colombiens ont intelligemment opté de contenir les Lions, persuadés que la moindre occasion de leur planter le poignard est à saisir. Ce fut à la 73e minute, sur un corner. Cruelle désillusion. En décidant d’harceler la Colombie pour 3 points, le Sénégal a laissé filer le petit point qui lui était nécessaire. Les Lions ont, pour ainsi dire, bondi sur l’ombre, laissant la proie lui échapper au grand dam d’un continent qui a assisté impuissamment, au plongeon du roi de la jungle dans la Volga.
La catastrophique prestation en mondiale des représentants africains vient dépoussiérer une contreperformance vielle de 36 ans. Depuis 1982 lors de sa douzième édition en Espagne, jamais le football africain n’a été rayé de la carte mondiale après le premier tour. Aliou Cissé, Mohamed Salah, John Obi Mikel, Hervé Renard, Sadio Mané, Victor Moses… ils s’étaient donné pour mission d’écrire une nouvelle page de l’histoire du football africain, ils n’auront réussi qu’à entacher les faits d’armes (¼ de finale du Cameroun en 1990, du Sénégal en 2002 et du Ghana en 2010) du continent.
Avec cette sortie manquée des sélections africaines, on peut se demander si le rêve africain d’une victoire en Coupe du monde ne s’est pas un peu plus éloigné. De toute évidence, Russie 2018 est riche d’enseignements et l’Afrique doit se résoudre à repenser les fondements de son football. Calqué sur un jeu stéréotypé à l’Européen qui n’est pas le sien, le football africain a perdu son âme. Celle d’un certain Roger Milla, Rabah Madjer, Rashidi Yekini, Jay Jay Okocha, fait d’instinct et de créativité.
Hamed junior
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