Sale temps pour  généraux au Congo-Brazza : Après Mokoko, Dabira passera à la casserole de Sassou

Sale temps pour  généraux au Congo-Brazza : Après Mokoko, Dabira passera à la casserole de Sassou

Au Congo-Brazzaville, il ne fait pas bon d’être un général d’armée en ce moment. Surtout, si on a côtoyé l’actuel deus ex-machina de Brazza. Du moins, un général qui lorgnerait vers le palais présidentiel, qui pourrait loucher vers ce haut lieu de pouvoir ou alors qui pourrait constituer une menace, même latente, contre la suprématie du «règne» de Denis Sassou Nguesso.

Après donc l’épisode du général Mokoko qui a été envoyé à l’ombre pour un bout de temps, voici le général Norbert Dabira d’avoir les pieds attachés par le boulet de la justice. «Atteinte à la sûreté de l’Etat», voilà l’arme de destruction massive contre les opposants réels ou putatifs que Denis Sassou Nguesso a trouvée pour les éliminer, afin de remettre le pouvoir à l’homme de son choix, de préférence parmi sa lignée. Pour Mokoko, c’est une vidéo datée de 2007, sinon, l’appel à la désobéissance civile qu’il a lancé consécutive à la proclamation des résultats de la présidentielle du 20 mars 2016. Pour Dabira, c’est un coup de téléphone où il est question d’abattre l’avion du président Denis Sassou Nguesso. Le hic est que celui avec qui l’accusé a conversé, le général Ngatsé Nyanga Mbouala, ex-directeur de la sécurité présidentielle est… libre et cité comme témoin à confrontation.

C’est un pléonasme de charges dont il se serait passé, vu qu’il se débat depuis 2014 entre les nasses de la justice française qui le soupçonne d’avoir trempé dans l’affaire des «disparus du Beach».  Comme si cela ne suffisait donc pas, voilà la Chambre criminelle de la Cour d’appel de Brazzaville qui le somme de s’expliquer sur une présumée tentative de coup d’Etat en fin 2017, reconvertie juridiquement comme une atteinte à la sécurité intérieure. Notons bien que le témoin cité, qui aurait pu passer pour un complice, le général Ngatsé Nianga Mbouala, ancien commandant de la garde républicaine, n’a pas été arrêté.

Le principal accusé clame son innocence. Et pendant ce temps, les charges constitutives de délit, la conversation téléphonique et dans laquelle il aurait évoqué l’idée d’un coup d’Etat avec le général Mbouala, tintent cependant dans les oreilles de ceux qui le poursuivent. On l’aura constaté tout tourne autour du fauteuil présidentiel, tous ceux qui sont soupçonnés à tort ou à raison de guigner le siège de Sassou passeront à la casserole. Qu’ils s’appellent Pasteur Ntumi, à qui Sassou a donné la chasse dans le pool, colonel Tsourou, mort de façon suspecte en prison, Salissa Okambi, Mokoko ou Dabira.

Mais alors, si ce qu’il est vrai, pourquoi le chef de l’Etat aurait-il voulu se débarrasser d’un homme dont on dit qu’il lui était proche ? On sait que dans  le biotope des régimes africains, les coups d’Etat sont utilisés par les régnants pour éliminer ceux qui pourraient leur faire du tort sur plan du pouvoir.

Le général Dabira aurait-il eu des appétits trop voraces ? Y aurait-il au contraire des concurrents à l’estime du «chef» qui auraient fomenté ce coup  de Jarnac pour l’écarter du plat de victuailles ? Voilà autant de questions auxquelles le procès ne risque pas de trouver des réponses. Les procès dans ce Congo laissant toujours un goût de soufre sur les lèvres du justiciable. Et ces interrogations seront porteuses de suspicions. Tout comme pour le procès d’un certain général Mokoko. La lecture générale qu’on fait de cette situation est qu’au moment où la démocratie a fait de grands progrès en Afrique de l’Ouest, l’Afrique centrale porte toujours le bonnet d’âne, avec soit des dinosaures qui s’agrippent au pouvoir, soit des quinqua qui jouent à l’apprenti-dictateurs.

Ahmed BAMBARA

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