Sankar-yaar, Nabii-yaar, marché de Karpala, 10 yaar …Tout était «gnangmé» hier : les commerçants optent de mourir du Covid-19 que de faim

Sankar-yaar, Nabii-yaar, marché de Karpala, 10 yaar …Tout était «gnangmé» hier : les commerçants optent de mourir du Covid-19 que de faim

Du rififi hier 27 avril 2020 dans les différents marchés de la capitale burkinabè. Les commerçants ont tenté de passer outre l’interdiction gouvernementale pour aller ouvrir lesdits marchés. Les raisons de cette levée de boucliers est qu’il n’est pas juste de rouvrir le grand marché Rood-Woko, et laisser claquemurés les autres.

Blocage de voies, barricades, intervention des Forces de l’ordre ont rythmé les alentours des marchés Sankar-yaar, Nabii-yaar, 10 yaar, marché de Karpala … «Nous préférons mourir du coronavirus que de la faim», lancent ces commerçants désœuvrés à tue-tête. Tout était «gnangmé» dans ces petits marchés et il faut dire que le gouvernement fait face à un douloureux dilemme. Constat de cette chaude journée à Sankar-yaar.

 

«Le marché étant toujours fermé, nous avons voulu faire entendre notre mécontentement au gouvernement. Ces autorités ne sont pas du tout logiques.  Le terrorisme fait plus de morts que cette supposée maladie. Et l’argent déployé pour lutter contre le coronavirus aurait pu servir à la lutte contre le terrorisme. Je ne crois pas à l’existence de cette maladie au Burkina Faso, on entend parler qu’à la télévision et à la radio. Je n’ai jamais vu quelqu’un dire qu’il souffre de cette maladie, pourtant je connais pas mal de personnes. Le gouvernement a inventé cette histoire, juste pour avoir des financements. Je crois qu’ils ont maintenant eu leur argent, qu’ils rouvrent les marchés sinon ils devront faire face à notre colère. Aujourd’hui nous n’avons fait que barrer les ruelles, mais si d’ici demain rien n’est fait, le marché sera ouvert avec ou sans le consentement du gouvernement».

Ces propos sont de Mahamadi Ouédraogo, commerçant à Sankar-yaar, fermé depuis le 9 mars 2020 à cause de la pandémie du coronavirus. Les commerçants disent en avoir marre maintenant et préfèrent mourir de la maladie que de la faim.

S’attendant à ce que leurs marchés rouvrent ce lundi 27 avril, ils n’ont pas hésité à barricader quelques rues dans les environs pour se faire entendre. Selon Lukmane Gneda, commerçant du dudit marché, «on a appris que le marché de Sankar-yaar sera rouvert aujourd’hui, mais malheureusement ça n’a pas été le cas. N’étant pas contents, les jeunes ont décidé de manifester en barrant les ruelles du marché. Nous pensons que la fermeture des marchés n’est pas une solution dans la lutte contre le Covid-19.

Il est mieux d’insister sur le respect des mesures barrières», laisse-t-il entendre. Et de préciser que si on prend l’exemple de Sankar-yaar, il est vrai que le marché est fermé mais aux alentours, il y a toujours une grande affluence, donc la fermeture du marché n’a aucun sens. Aussi, les commerçants ne comprennent pas pourquoi rouvrir le grand-marché et laisser les autres, alors que tous ont été fermés le même jour. D’après les propos de Naaba Congo, vice-délégué du marché de Sankar-yaar, quand il est arrivé ce matin, les quatre principales rues avaient été barrées empêchant les usagers d’emprunter celles-ci. Demandant au délégué la raison de cette manifestation, il lui répondra que ce sont les jeunes qui sont en train d’exprimer leur ras-le-bol par rapport à la fermeture du marché mais quelques personnes avaient été dépêchées chez le maire de la commune. «Nous, commerçants voulons la réouverture du marché car nous souffrons beaucoup, mais malgré cela nous avons essayé de calmer les esprits en attendant des nouvelles d’ici demain. Les mesures prises pour la réouverture du grand-marché peuvent être prises ici également», lance le vice-président.

Par ailleurs, 40 jeunes du marché ont été choisis comme volontaires pour être formés sur comment faire appliquer les mesures barrières au sein du marché. «Ces jeunes ont accepté de prendre part à cette formation croyant que la réouverture du marché sera pour bientôt. Je suis sûr que si d’ici mercredi s’il n’y a pas de bonne nouvelle, la situation va dégénérer», prévient Naaba Congo. «Nous sommes des femmes et nos familles comptent sur nous pour vivre et restées pendant plus d’un mois sans travailler est vraiment difficile. Que le gouvernement ait pitié de nous, on s’engage à respecter les mesures barrières», implore la commerçante Eulalie Yougtara.

Larissa KABORE

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