Second tour de la présidentielle sur la Grande île : Deux duellistes, un choix : faire du neuf avec du vieux

Second tour de la présidentielle sur la Grande île : Deux duellistes, un choix : faire du neuf avec du vieux

Demain 19 décembre 2018, les Malgaches sont de nouveau appelés aux urnes. Iront-ils au même nombre qu’au premier tour ? C’est la première grosse inconnue de cette lutte pour le mandat suprême. L’un des enjeux importants de ce tournant du scrutin. S’ils y vont au même nombre qu’au premier tour, cela signifiera au moins que le débat télévisé de ce 16 décembre n’a pas fait fuir des partisans des deux camps.

Tant est si criard que leur animosité a rampé sur le plateau télé, montrant que loin de se préoccuper des désirs, des besoins, des souffrances, des frustrations et des prières des Malgaches, Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana se sont livrés à une guerre pas tout à fleurets mouchetés. Encore que ce deuxième face-à-face télévisuel fut moins féroce que celui du 9 décembre. Non pas une guerre pour savoir qui aura mieux à proposer à leurs concitoyens, mais une bagarre entre un président qui a été renversé par un maire et qui veut coûte que coûte lui rendre la monnaie de sa pièce.

Si après le 19 décembre, Ravalomanana était proclamé vainqueur, il ira faire péter une bouteille de champagne parce qu’il aura eu une revanche. Sa revanche sur Rajoelina. Il aura lavé un affront, une rebuffade qu’il a du mal à digérer. Rajoelina, de son côté, s’il arrivait à rafler la timbale politique, il pourra pérorer et se targuer d’avoir pu renverser à l’envers et à l’endroit son plus vieil adversaire (ennemi) politique.  De ces considérations purement personnelles, il n’y a rien qui parle des intérêts de Madagascar et de la perspective de décollage de cette Grande Île qui s’embourbe chaque jour un peu plus dans la gadoue que ses dirigeants se plaisent depuis plusieurs décennies à labourer et à nourrir. Pourtant les ‘’ex’’ ont chacun un programme qui a été relégué au second plan par cette sorte de rancœur à peine contenue. Ravalomanana, du haut de sa stature de business-farmer ayant prospéré dans la vente de lait intéresse les Malgaches ruraux, alors que le quadra rompu de communication est plus urbanité.

Le scrutin de demain, qui oppose ces 2 ‘’ex’’ bourgmestre, ex-présidents, n’offre à vrai dire pas beaucoup d’options aux Malgaches : ils ont le choix entre faire du vieux avec du neuf tant les deux ont chacun, dirigé le pays, montré ce qu’il vaut, même si l’existant politique à l’époque était différent l’un pour l’autre.

Opter d’installer Marc Ravalomanana, c’est espérer certes que l’homme a opéré vraiment une mue positive, débarrassé des miasmes de toute vengeance, et de tout rattrapage sur le temps perdu.

Prendre le parti d’oindre Andry Rajoelina, c’est peut-être aussi se laisser séduire par le visage juvénile et poupin du ‘’TGV’’ oubliant qu’il est un Janus politique.

Pourvu que les eaux de la Grande île restent calmes avec un scrutin paisible et honnête, qui fera autorité pour que l’élu puisse s’atteler aux taches urgentes qui ont pour noms : paupérisation, problèmes de santé et d’éducation, avec … le choléra et la déscolarisation, l’insécurité avec les vols de bétail, un fléau national.

Il reste maintenant à prier tous les dieux de l’Océan que cette haine politique viscérale qui taraude et lacère les tripes des deux hommes se cantonne dans les frontières de leur appareil cardiaque et ne déborde pas sur les veines de la rue. Pourvu que les Malgaches demeurent responsables et ne veuillent pas transformer la journée du 19 décembre 2018 en un feuilleton épisodique de pugilat qui ne fera pas honneur à la démocratie malgache et n’allumera surtout pas les moteurs du développement de la Gandeïle.

Or, il tarde que la grande voile soit hissée et que la proue de cet immense bateau terrestre, amarré au quai de l’Afrique, se trace une nouvelle route océanique vers les horizons de félicité et de bonheur. Après tant d’années de souffrances, de pleurs, de matérialisation de la haine interhumaine, de coups de poing et de massue, les habitants de la Grande Île méritent à présent d’entendre une autre histoire racontée par les murmures des doux vents qui caressent ses côtes. Il est temps de laisser tomber leurs enfantins egos et de hisser haut, et ensemble, le mât de félicité de Madagascar. Il est temps !

Ahmed BAMBARA

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