Second tour présidentielle en Guinée-Bissau : Pourvu que les démons kaki ne s’en mêlent pas

 Second tour présidentielle en Guinée-Bissau : Pourvu que les démons kaki ne s’en mêlent pas

La candidature indépendante n’a pas souri à José Mario Vaz. Les électeurs bissau-guinéens, sortis nombreux pour le vote (73%) de la présidentielle l’ont envoyé valser à la 4e place à l’issue du premier tour dont les résultats ont été communiqués ce mercredi. L’ultime round de cette présidentielle opposera, le oint du PAIGC Domingos S. Pereira, à l’opposant n°1 du MADEM fraîchement entré du pays : Umaro Sissoco Embalo, lui-même transfuge du PAIGC. En fait, deux hommes issus du moule politique. Exit Mario Vaz.

À l’évidence, le limogeage du Premier ministre Aristide  Gomes  ne lui a été d’aucune utilité et revêt aujourd’hui des vêtements d’absurdité. Abscons est également son comportement vis-à-vis de la CEDEAO, dont il a ignoré les recommandations et les menaces, comme de sa première barboteuse. Se mettant aussi à dos la communauté internationale, précisément les «gendarmes» de la CEDEAO qui n’ont pas du tout apprécié sa bravade. Ainsi donc,  il a échoué à conserver le fauteuil présidentiel. Un fauteuil qu’il conservait de façon illégale et même illégitime, puisque son mandat est forclos depuis 5 années, et il a été désavoué par son propre parti. C’est la preuve que les candidatures indépendantes ne font pas recette à moins d’être soutenues par des parties ou des mouvements. En tête, caracolent DSP,  Domingos Simões Pereira, avec 40,13% des voix contre 27,65% pour Umaro Sissoco Embalo candidat du MADEM, premier parti d’opposition au Parlement. 

C’est sous eux que retentira le gong du second tour de la présidentielle bissau-guinéenne. Mais avant, déjà la clochette des tractations fait entendre ses cliquetis. 

La conquête du 29 décembre commence dès maintenant. Et fait office de princesse de la cour royale,  Nuno Nabiam, candidat du PRS/APU arrivé en 3e position à la présidentielle avec 13,16 %. Les deux candidats en lice vont lui faire une cour assidue et des plus entreprenantes pour tenter de l’amener à appeler ses électeurs à rejoindre l’une ou l’autre écurie. 

Qui l’emportera ?  Vers qui penchera la balance du coeur et de la raison de Nabiam ?  Les deux candidats ont de nombreux arguments pour eux. La bataille s’annonce rude et chose intéressante, elle sera ouverte. 

Il reste maintenant à espérer que les vieux démons de la Guinée-Bissau ne s’avisent pas à sortir de leur sommeil qui n’a pas encore trop duré.

En 5e place, Carlos Gomes Junior, surnommé «Cadogo», n’a pas oublié ce qui s’est passé en 2012.  Alors favori à la présidentielle, il a été renversé par le bruit tonitruant des godasses de la soldatesque bissau-guinéenne, qui a l’art de faire irruption sur la scène politique. 

Or en Guinée-Bissau, on a bien senti ce vent de soutien discret des militaires au président José Mario Vaz. Ce qui justifiait sans doute ses  dernières prises de décision et son nez levé face aux courroux de la CEDEAO. 

Si l’armée s’amusait à interrompre le processus électoral, on n’en serait pas surpris outre mesure. Cette éventualité est justifiée d’abord par les cris de Vaz qui hurle à la fraude et aux mesures draconiennes prises pour sécuriser le lieu de la proclamation des résultats du second tour.

Mais il y a une nouvelle donne en 2019. La CEDEAO ne semble pas être prête à laisser la chienlit s’installer dans le pays. Les regards menaçants des soldats de l’ECOMIB sont des preuves pour celui qui en veut. Gare donc aux putschistes de second tour ! 

Ahmed BAMBARA

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