Sénégal, après la renonciation de Macky Sall : Où trouver le mouton à 5 pattes pour lui succéder ?

Sénégal, après la renonciation de Macky Sall : Où trouver le mouton à 5 pattes pour lui succéder ?

En quittant la présidence par la grande porte ce 3 juillet par le contournement du 3e mandat, Macky Sall, dégage un double horizon pour les prétendants à un destin national. D’abord, au sein de Benno Bokk Yakaar, la coalition présidentielle où ils ne sont pas nombreux à se bousculer aux portes de l’Avenue Léopold Sedar Senghor, le siège de la présidence.

Si short list devait y avoir, les intéressés devraient avoir l’aval du président-sortant, mais aussi du conglomérat qui a fait chorus derrière Macky Sall pour le faire gagner en 2012 et 2019. Et comme la renonciation du président-sortant a rendu groggy plus d’un, y compris dans le camp présidentiel, où on fourbissait les armes pour ce 3e mandat. Beaucoup n’y songeait pas. A présent oui!

Des noms sortent timidement de Benno Bokk Yakaar tels ceux d’Abdoulaye Daouda Diallo, président du Conseil économique, social et environnemental, et intime du président, Aly Nguoille Ndiaye, ministre de l’Agriculture, ou l’actuel premier ministre Amadou Ba.

Mais, faisons gaffe, à 8 mois d’une échéance aussi capitale où nombre de politiques, bridaient leurs ambitions parce que le chef paraissait partant, et à l’heure, où tout est permis après son retrait, ça aiguise les appétits forcément gargantuesques et rien ne prouve que d’autres présidentiables n’émergeront pas de Benno Bokk Yakaar.

Le danger justement lorsqu’un président se dit sortant, est que le risque d’une implosion de sa formation ou regroupement politique est démultiplié, s’il n’arrive pas à arbitrer dans son écurie.

Et les 8 mois seront les plus longs pour Benno Bokk Yakaar et pour Macky Sall, car ils devront trouver le mouton à 5 pattes qui défendra les couleurs du parti majoritaire. A commencer par le match dans la match entre l’APR le parti originel de Macky Sall et l’AFP de Moustapha Niasse.

La même équation dans une moindre mesure à plusieurs inconnues demeure à l’opposition où grouillent et grenouillaient depuis des lustres, plusieurs caïmans du fleuve Sénégal, accentués par la modification prochaine du code électoral promis par Macky Sall. Mais comme toujours, le discours de chacun est la tentative solitaire et en cas de 2e tour, on se rallie au meilleur des 2 arrivés en tête.

Vieille recette qui n’a jamais donné de fruits tangibles, tant les retournements de boubous, et les alliances, et mésalliances sont légions avant, et surtout l’entre-2 tours.

Néanmoins, des individualités se dégagent, à commencer par un vieux briscard du landerneau politique sénégalais : Idrissa Seck. Directeur de campagne d’Abdoulaye Wade à 28 ans, plusieurs fois ministre, premier ministre et puis ce fut la brouille fin 2003 avec son père spirituel, qui sévit à l’époque contre ce fils compétent, mais rebelle et volubile : en le remplaçant le 21 avril 2004 par un certain Macky Sall. Les chantiers de Thiès servirent de prétexte à «Gorgui», (vieux) pour infliger une longue traversée du désert au «NGorsi» (petit homme de taille). Les 2 se réconcilieront mais un ressort était désormais cassé entre eux. Mais, «Idy» est et demeure un homme d’Etat de par son expérience. Il y a évidemment Karim Wade, le fils de «Ablaye». Reclus à Doha après un deal «exil» contre «motus bouche cousue» entre lui et Macky Sall, voilà le métis le plus célèbre du Sénégal qui s’apprête à reprendre du service au grand bonheur de son père, qui, à ce qui se susurre a manœuvré avec maestria pour cette réhabilitation en cours de son fils biologique dont il a pendant ses 2 mandats caressé le rêve d’en faire son successeur.

Karim Wade a l’appareil du PDS, mais il lui faudra batailler dur pour s’imposer et attraper aussi certains leviers, sans le concours de son père. Un blitz training (entraînement rapide) pour être un présidentiable complet, car il est lointain le temps du «ministre du ciel et de la terre». Enfin, on pourrait ajouter à cette liste d’opposants, Khalifa Sall, l’ex-maire de Dakar, défenestré pour des questions de gestion financière, Aminata Touré, l’ex-premier ministre… On le constate donc à l’opposition qui ira en désordre de bataille le 25 février 2024, la question de la candidature unique demeure un handicap rédhibitoire en Afrique.

Zowenmanogo Dieudonné ZOUNGRANA

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