Le Sénégal, considéré comme l’un des pays les plus stables et démocratiques d’Afrique, traverse une période de turbulences politiques et sociales depuis le début de l’année 2024. En cause, le report de l’élection présidentielle de 2024 à 2025, décidé par le Parlement en décembre 2023, suite à une révision constitutionnelle controversée. Cette décision a provoqué la colère de l’opposition et d’une partie de la société civile, qui y voient une tentative du président Macky Sall de se maintenir au pouvoir au-delà de son second et dernier mandat, qui devait s’achever en février 2024.
Face à l’impasse politique, plusieurs acteurs nationaux et internationaux ont tenté de jouer les médiateurs, sans succès pour l’instant. Parmi eux, le Khalife général des Tijanes, Serigne Babacar Sy Mansour, la plus haute autorité religieuse de cette confrérie du pays, qui a appelé les acteurs politiques, la société civile et la jeunesse à faire preuve de retenue et à privilégier les intérêts de la nation. Il a également proposé d’organiser une rencontre entre le président et les leaders de l’opposition, mais cette initiative n’a pas abouti. L’architecte Pierre Goudiaby Atepa est aussi à la manœuvre, sans oublier les 2 «ex » Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, l’un s’étant trop éloigné du Sénégal, l’autre juge et partie, et bien d’autres acteurs grenouillent pour faire fumer le calumet de la paix aux 2 camps : ceux de Macky Sall et d’Ousmane Sonko et Cie. Car à l’évidence, tout cale maintenant sur le leader du PASTEF, lequel depuis la prison de Cap Manuel semble tenir un bout de la corde.
Au plan international, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a dépêché une mission de diplomatie parlementaire au Sénégal, du 10 au 14 février 2024, pour évaluer la situation et encourager le dialogue. La mission a formulé quatre recommandations : lancer un appel au calme et à la retenue, entamer un dialogue politique national inclusif et fraternel, envoyer une mission conjointe de la Commission et du Parlement de la CEDEAO pour faciliter le dialogue, et respecter la Constitution, la démocratie, l’état de droit et la cohésion sociale.
Cependant, ces recommandations n’ont pas été suivies d’effet, car l’opposition a rejeté toute médiation de la CEDEAO, qu’elle accuse de soutenir le régime de Macky Sall et de cautionner le report de l’élection présidentielle. L’opposition a également dénoncé l’ingérence de la France, l’ancienne puissance coloniale, qui a exprimé son soutien au président sénégalais et à la stabilité du pays. En fait l’opposition, excepté Yewwi Askan Wi, il semble désormais que l’interlocuteur attitré est Ousmane Sonko. Les planètes semblent de plus en plus alignées pour lui. Mais attention, rien n’est joué, et Benno, s’il a le dos au mur, n’ira pas à l’abattoir politique comme un mouton de la korité.
C’est pourquoi, seul un dialogue franc et des compromis sincères pourront dépêtrer le Sénégal de ce guêpier politique. Evidemment, il y aura des perdants, des grincements de dents, des calculs ratés… mais ce sera le prix à payer pour que le Sénégal maintienne sa situation de démocratie culturelle.
Et avant ce samedi, prévu pour le tour de chauffe de l’opposition, il y a comme 2 fers au feu au Sénégal : des négociations tous azimuts et une pression des partis et de la société civile pour faire reculer le pouvoir Apériste. Lequel sera efficace à moins que ce ne soit la combinaison des 2.
Pour le moment, le Sénégal se trouve dans une situation de blocage, qui menace la paix et la sécurité du pays, ainsi que son modèle démocratique, souvent cité en exemple en Afrique. Pour désamorcer la bombe sociale, il faudrait que les acteurs politiques acceptent de se parler, de faire des concessions et de trouver un consensus sur les modalités de l’élection présidentielle.
La REDACTION
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