«Je prends ici devant vous la décision de donner ma démission de la tête de la Caisse de Dépôts et de Consignations à compter de ce jour. Dans le même temps, je peux vous assurer, mes chers amis, que je prends date pour l’avenir, parce que je reste persuadé que cette épreuve rendra beaucoup de service à mon peuple dans le futur. Elle aura en effet le mérite, j’en suis sûr, de montrer à la face du monde les vrais visages de ceux qui salissent la noblesse de la politique sous des dehors de serviteurs du peuple. Je vous remercie» ! C’est en substance le propos d’Aliou Sall, mis en cause dans l’Affaire Petro-Tim relancée début juin par une enquête de la BBC qui le soupçonne d’avoir touché un pot-de-vin dans l’attribution de deux blocs gaziers.
«Il est de mon devoir de laver mon honneur sali, de protéger les miens, qui sont aujourd’hui encore plus touchés que moi dans leur chair et dans leur esprit. C’est à la fois un problème de justice, de dignité mais aussi de responsabilité», a justifié Aliou Sall à travers une lettre consultée par Jeune Afrique et dont l’authenticité a été confirmée par l’intéressé. Dans cette lettre ouverte, implicitement adressée au chef de l’État, son frère aîné, Aliou Sall annonce sa démission de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), où il avait été nommé en septembre 2017.
Une décision qui intervient trois semaines après la diffusion d’une enquête de la BBC qui l’accusait notamment d’avoir reçu 250 000 dollars de la part de Frank Timis, à travers une SARL dont il est l’actionnaire, Agritrans. Des accusations qu’Aliou Sall avait niées en bloc : «Je n’ai jamais reçu, directement ou indirectement, un quelconque paiement de la part de Timis Corporation à travers Agritrans», martelait-il en conférence de presse, le 3 juin, au sujet de ce que la BBC qualifiait de «paiement [ayant] tout l’air d’un pot-de-vin».
«C’est une campagne visant à me déshumaniser, [qui me présente] comme le méchant face aux bons, celui qui s’abreuve du sang et de la sueur du peuple sénégalais, le personnage sans foi ni loi qui nargue un peuple exsangue», se défend l’intéressé dans sa lettre. Une «entreprise de déstabilisation» face à laquelle il a décidé de «poser des actes», non sans lyrisme : «Fort de la conviction profonde que demain il fera jour et que la lumière finira d’avoir raison des ténèbres, je prends ici devant vous la décision de donner ma démission de la tête de la Caisse des Dépôts et Consignations à compter de ce jour».
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