Le pays de la Teranga retient son souffle. Plongé dans une grave crise politique depuis le report sine die de l’élection présidentielle, le Sénégal est plongé dans l’incertitude. Reportée ou interdite le mardi dernier, la «marche blanche» des opposants et tous les défenseurs de la démocratie au Sénégal, est prévue pour demain 17 février 2024.
Sera-t-elle autorisée ou tolérée par le pouvoir. On sait qu’une telle manifestation horripile surtout, depuis ce jour fatidique du 3 février 2024, qui a vu le président Macky Sall annoncer l’abrogation du décret portant convocation du corps électoral le 25 février 2024, annulant de facto sine die la présidentielle pour laquelle 20 candidats étaient en lice. En tout cas, politiques, intellectuels, jeunes et femmes s’apprêtent à marcher ce samedi 17 février pour dire non à cette estocade contre la contestation. Un bras de fer que l’Opposition engage, avec un léger rapport de force supérieur au gouvernement, critiqué de toute part.
Un test grandeur nature que les initiateurs réunis au sein du collectif Aar Sunu Election, (« Protégeons notre élection ») pourraient reconduire, tout au long des jours à venir, jusqu’à l’obtention de satisfaction, c’est-à-dire au rétablissement du processus électoral à sa date initiale du 25 février ou 15 jours au plus tard mais pas le 15 décembre 2024. Depuis ce report, plusieurs initiatives allant dans le sens de l’apaisement et le dialogue ont été entreprises, sans des résultats probants. Diplomatie souterraine et surenchère se côtoient actuellement au pays de la Teranga sur fond de calculs politiques et électoralistes. Les Macky Sall, Karim Wade, Ousmane Sonko, Amadou Ba, Bachirou Faye, Khalifa Sall…, chacun a son agenda qui ne recoupe pas toujours ceux des autres et surtout de la démocratie sénégalaise. Sur quel samedi et quel week-end vivront les Sénégalais ?
Aux dernières nouvelles, on apprend que le Conseil constitutionnel a annulé le report de l’élection présidentielle au Sénégal. Selon les membres de l’institution, la loi adoptée par le parlement pour cautionner le décret de report pris par Macky Sall est contraire à la Constitution. Camouflet et échec cuisant pour Macky Sall, pour qui les choses se compliquent. Mais, le grand perdant de ce bras de fer, reste Karim Wade qui voit son rêve d’être candidat, tombé à l’eau. Alors que les signaux sont déjà au rouge, cette décision des «Sages», renforce la position de l’Opposition, des organisations de la société civile et tous les membres de cette coalition qui n’entend pas laisser Macky Sall opérer ce que tous qualifient de «forfaiture démocratique». Par cette décision, le Conseil constitutionnel clos le débat juridique et légal, et met le président sortant face à ses responsabilités.
Davy Richard SEKONE
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