A l’heure de la guerre Russie-Ukraine, un déplacement en Afrique du chef de la diplomatie russe, l’indéboulonnable Serguei Lavrov, ne saurait passer inaperçu dans le prisme de la géopolitique africaine.
La photo de ce 10 mai de Serguei Lavrov et de son homologue algérien, le non moins inusable Ramtane Lamamra se serrant la main tout sourire, au-delà de l’image d’Epinal est un message pour les amis comme les ennemis de la Russie, sous Vladimir Poutine. Et les Africains, surtout l’élite ferait bien de savoir désormais lire le nouvel ordre mondial qui est en train de se dessiner, au lieu de toujours prendre le train en marche.
Visite de «partenariat» lit-on dans le communiqué final ayant ponctué ce séjour, mais à forte odeur gazière, dont l’Algérie en est grand exportateur. A l’heure où le gaz, le pétrole et le blé russes sont blacklistés doublés d’ une longue liste de sanctions par une Europe furibonde de la guerre enclenchée à ses portes, la Russie cherche des voies de sortie et des alliances surtout avec une vieille connaissance comme l’Algérie.
Visite entre deux alliés de longues dates, puisque ce 10 mai coïncide avec les 60 ans de l’établissement des relations Russie-Algérie, mais aussi visite pour voir comment l’Algérie qui exporte 11% de son gaz en l’Europe pourrait épauler la Russie qui en exportait 47% vers la même Europe. En augmentant pas sa production.
Gaz et pétrole sont donc sous l’angle d’une lecture en creux, la trame de ce séjour de Lavrov sur fond évidemment de complémentarité de sort :
Une Algérie politiquement en difficulté, et une Russie, boudée par l’Europe et les USA.
Revenons au gaz et pétrole : peu ou prou, maintenant ou plus tard, le prix des hydrocarbures va grimper dans la sous-région. Hier, c’est 100 F CFA en plus que les Burkinabè paieront à la pompe le Super. De même que le prix du pain, qui l’est déjà en Côte d’Ivoire. Les Africains doivent suivre l’évolution de ces produits dont le manque en rajoutera à la diète socio-politique et économique qui frappent le Mali, le Burkina …
Et puis, il y a la lutte contre le terrorisme au Sahel, dont une partie de la solution se trouve en Algérie. Et évidemment, cette ombrageuse et très polémiquée présence de Wagner au Mali, en remplacement de Barkhane ! Ça ne vous dit rien chers Africains ? Vous ne pensez pas que ça fait trop ce tropisme russe pour le Sahel, auquel ne veulent pas céder, les partenaires traditionnels comme la France, ou même l’Allemagne qui a affirmé vouloir augmenter ses soldats à la MINUSMA ?
En vérité, il y a une sorte de softpower russe qui se déploie au Sahel, par l’intermédiaire du Mali, que tente de juguler l’Europe, surtout la France. Mais aussi un nouvel ordre mondial qui se dessine. Aux Africains de savoir lire les courbes ou les lignes droites de ces amis qui leur veulent du bien. Chaque Etat a le droit et le devoir de défendre les intérêts de son peuple.
La REDACTION
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