Calme fourré, pressions et guerre civile en République centrafricaine (RCA) notamment dans des villes de l’Est et du Sud comme Bossambélé et Bouali où des combats sont signalés avec l’Union pour la paix en Centrafrique (UPC) qui avance, ou encore à Bouka, Kaganbambou et à Galo où la situation reste tendue. Il n’est pas jusqu’à la capitale Bangui avec son atmosphère anxiogène et où les éléments de la MINUSMA ont les armes en bandoulière et le doigt sur la gâchette dans des quartiers comme Kassai, Petevo ou Kouanga afin de prévenir l’éventuel assaut de la coalition des patriotes pour le changement (CPC), ce conglomérat hétéroclite de rebelles qui a pris les armes pour empêcher le vote du 27 décembre prochain.
Indexé, l’ex-président François Bozizé dont le dossier de candidature a été retoqué mais qui avait affirmé ne pas être froissé outre mesure mais qui semble selon toute vraisemblance être l’instigateur de cette bronca guerrière.
Le chien ne change jamais sa façon de s’asseoir : putschiste notoire qui a cherché l’absolution des urnes, François Bozizé a toujours son renversement en 2013 et son exil en travers de la gorge et comptait prendre sa revanche ce coup-ci. Alors, lorsque les grands juges recalent son dossier il se dit qu’il pourrait reprendre ce qu’il avait jadis pris par la canonnière en 2003.
Revoilà la RCA de nouveau en ébullition encore que dans ce pays, cet accès belliciste à quelques encablures des élections n’est que l’aboutissement d’une suite logique étant donné que la Centrafrique est occupée à 80 % par des groupes armés qui exigent un nouvel ordre politique c’est-à-dire une élection avec tout le monde.
En vérité, si depuis les années 60, l’ex-Oubangui Chari n’a jamais connu la paix, le départ forcé du pouvoir de Bozizé en 2013 et l’intermède Seleka par la suite, ont montré que la RCA est perpétuellement un pays failli politiquement et économiquement malgré les tentatives de secours de la communauté internationale qui l’ont mise sous tutelle, avec une batterie d’opérations ponctuelles, comme au long cours : EFAO MINURCA,SANGARIS….
L’arrivée des Russes en RCA en janvier 2018 a changé totalement la donne. Les Accords miniers dont les exploitations se sont concrétisées dans les régions de Yawa et Pama, la formation de la garde nationale et de l’armée nationale ou ce qui en tient lieu, par le millier de conseillers en sécurité russes chaperonné par Valery Zakharov, conseiller en sécurité du président Archange Touadera, lesquels entrainements se déroulent dans l’ex-propriété de Bokassa à Berengo, tous ces faits ont achevé de convaincre que les Russes ont pris pied en RCA…
La RCA pays des Soviets ?
L’urgence aujourd’hui pour le président Touadera, est de tenir les élections dans 6 jours. Or, avec déjà la quasi-totalité du territoire où règnent des seigneurs de guerre tels Nouredine Adam du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC) et autre Ali Darassa de UPC, mouvement scissipare de la Séléka auxquels se sont jointes d’autres rebellions qui comptent fondre sur un Bangui-la roquette, les élections de dimanche se profilent en pointillé. Et les autorités actuelles ont beau être optimistes et la MINUSMA a beau être sur le qui-vive, ces élections ne sont plus sécurisées d’autant même que si même à Bangui on parvenait à voter qu’en sera-t-il des autres villes contrôlées par les croquants centrafricains ? L’histoire est en perpétuel recommencement en RCA.
Zowenmanogo Zoungrana
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