Sommet CEDEAO sur Mali-Guinée-Burkina Faso : Session de rattrapage en juillet pour «3 mauvais élèves»

Sommet CEDEAO sur Mali-Guinée-Burkina Faso : Session de rattrapage en juillet pour «3 mauvais élèves»

Ce ne sera pas pour ce week-end écoulé qu’on saura à quelle sauce seront «mangées» le Mali, la Guinée et le Burkina, sujets brûlants qui étaient sur la table des chefs d’Etat de la CEDEAO, ce 4 juin à Accra, au cours d’un sommet extraordinaire, qu’on aurait pu ne pas tenir puisque la montagne n’a même pas accouché.

Les 3 pays cornaqués par des pouvoirs kaki, conquis au bout du fusil ne sont certes pas logés à la même enseigne, même si leur «péché originel», les pronunciamientos censément salvateurs, sont les mêmes donc tous devaient être passés sous les fourches caudines des dirigeants de la CEDEAO.

In fine, les chefs d’Etat ont remis l’examen de passage au mois prochain, faute de dossiers étoffés, mêlés à une absence d’un aggiornamento entre eux. Si la Gambie, le Ghana et le Niger étaient les «faucons» de ce sommet à l’égard du Mali, d’autres ont infléchi leur posture, comme le Nigéria, fait notable, car Buhari, surtout son vice-président, horripilent les putschs.

Est-ce l’introuvable médiane entre les chefs d’Etat qui ont conduit au report du sommet au 3 juillet ? Ou une espèce de moratoire qu’on octroie aux 3 juntes pour qu’ils puissent mieux se pourvoir ? Et en quoi ? Car si la tendance pour le Mali était qu’il faut assouplir les sanctions decrescendo, les Maliens doivent aussi mettre de l’eau dans leur «Gnamankoudji» (boisson locale épicée), en particulier sur les 24 mois de Transition, alors que la CEDEAO cale sur 16 mois. Pourquoi ne pas trouver un juste milieu de 18 ou 20 mois ? D’où le maintien des sanctions comme le stipule le communiqué du 9 juin en attendant que les putschistes  de kati revoient le timing de la Transition. Et derechef Goodluck devra reprendre son bâton de médiation coaché par Faure du Togo.

Le Burkina Faso se voit gratifier d’une amélioration de la situation sécuritaire (le Lt-Cl Didier Yves Bamouni, chef du commandement des opérations du Théâtre national l’a confirmé ce 3 juin) même si la face humanitaire se détériore davantage. Les 36 mois burkinabè ne passent pas aussi au niveau de la CEDEAO, et c’est dire que Damiba a encore 1 mois pour convaincre, étant donné que selon aussi la Transition du pays des Hommes intègres, des élections  sécurisés sont impossibles avant 3 ans !

Un Burkina qui a désormais son médiateur en la personne de Mahamoudou Issoufou, ex-président nigérien, un homme attaché aux principes démocratiques et d’Etat de droit qui devra prendre langue avec des militaires putschistes. ça promet des thèses et des anti-thèses !

Un existant qui a pu être exposé par le Premier ministre Burkinabè Albert Ouédraogo dont c’est le grand oral à l’extérieur devant l’UEMOA de même que le Chef de la diplomatique malienne Abdoulaye Diop qui a essayé aussi de défendre le dossier de son pays.

La Guinée, agace les chefs d’Etat et à lire entre les lignes du communiqué final, non seulement, les 36 mois ne sont pas acceptables, mais la fracture entre le CNRD et les partis politiques dans ce pays n’augure pas une Transition apaisée. Du reste Dombouya daignera-t-il accepter Ibn Chambas comme médiateur réconfirmé, alors que la junte le recuse ? 

Ce week-end écoulé donc, on a eu l’impression que la CEDEAO a été réceptive à moitié de la bronca des citoyens des 3 pays putschistes qui crient à une organisation partisane. Si le Mali n’a pas vu ses sanctions levées, c’est une perspective qui est désormais dans les tuyaux. Et Goïta sait aussi que si la CEDEAO veut se défaire des oripeaux de la «CEDEAO des chefs d’Etat», qui lui colle à la peau,  il doit aussi se montrer souple, tout en défendant son Maliba.

L’Enfant de Nakalbo Damiba, bénéficie toujours de l’alignement des planètes en sa faveur, mais c’est certain qu’il lui faudra trouver des arguments à ajouter aux actuels pour enrober la pilule des 36 mois que la CEDEAO semble vouloir leur donner sous réserve de la configuration sécuritaire.

Accra, ce 4 juin fut donc un sommet de non-décision par prudence, par non consensus, par attentisme de voir venir les choses d’ici 1 mois. Il aura accouché d’un surplace ou plutôt la montagne n’a même pas accouché, tout en laissant une porte entrebâillée pour chacune des 3 Transitions avec un brin de fouet brandi et un zeste de pessimisme pour la Guinée. Avec un mois pour une session de rattrapage pour 3 transitions civiles. Car le fait d’affubler la Guinée et le Burkina Faso d’un médiateur chacun et de laisser Goodluck poursuivre au Mali est en soi une session de rattrapage.

La rédaction

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