Les chefs d’Etat de la CEDEAO ont donné un devoir à faire à la junte malienne. Ce 15 septembre 2020 à Accra, on ramasse les copies. Que vont décider les correcteurs et gribouiller comme notes pour les militaires de Kati ? On le saura dans les heures qui suivent. Mais les soliloques peuvent toutefois se balader sur les probables corrigés. La CEDEAO avait donné un ultimatum. A la date du 15 septembre, le Mali devrait être embarqué dans une pirogue battant pavillon «transition», avec surtout un civil à la pagaie principale. Au jour J, c’est loin d’être le cas. Le Mali est toujours dirigé par le colonel Assami Goïta et ses frères d’armes. Les intentions du côté des bidasses ne semblent pas aller vers une cession de la direction du pays à un civil. Tout au contraire.
A la décharge de la junte militaire, ce n’est pas que ses membres dormaient pendant tout ce temps. En 72 heures, ils ont réussi la prouesse d’organiser des concertations nationales et de mettre sur pied une charte qui va régir la transition. Certes, cette charte n’emporte pas l’adhésion de tout le monde, notamment le puissant M5, mais il y a une base déjà qui a été jetée sur laquelle l’horizon s’annonce un peu plus clair. Mais l’ultimatum de la CEDEAO n’a pas été respecté dans ses termes.
Quelle sera de ce fait la réaction des présidents des pays membres de l’organisation sous-régionale ? Maintenir les sanctions d’ordre économique ? Cibler les «meneurs» du coup d’Etat qui ne veut pas dire son nom et les sanctionner ? Prendre d’autres sanctions contre le pays ? Embargo ? Mais pour quel effet ?
C’est vrai qu’il y a comme une fissure dans le front uni du Mali. Le fait que le M5 se démarque de la charte de la transition peut s’avérer une faille sur laquelle peuvent s’appuyer les chefs d’Etat pour augmenter le débit de la pression. Car lorsqu’un bloc faisait face à la CEDEAO que les décisions de cette dernière avaient l’effet d’un jet d’eau contre un roc. Il ne faudrait toutefois pas se hasarder à faire des paris faramineux. Ces désaccords peuvent n’être que superficiels et jusque-là, le CNSP et les membres du M5 ont plusieurs fois démontré qu’ils peuvent rapidement régler leurs différends, mésententes ou désaccords autour de l’arbre à palabres.
Du reste, les militaires ne semblent pas aller à Accra avec un esprit belliqueux. Ecouter et proposer des solutions sont pour le moment gravés sur leurs ardoises. Ils ont compris que sabre au clair, ils n’obtiendront pas grand-chose de réellement constructif. Du reste, tout le monde, du moins en principe, n’a aucun intérêt à ce que le Mali sombre corps et âme par l’intermédiaire de cette phase trouble que traverse la contrée. Etant donné que les visées fusent vers le même objectif, autant trouver le moyen de se retrouver sur l’île de l’intérêt général par la discussion.
Il est à espérer que les dirigeants de la CEDEAO desserreront les dents pour parler d’une voix moins sifflante et menaçante et que la junte ouvrira grandes les oreilles afin de revenir rapidement éteindre les petites flammes de mésentente toujours vives afin d’engager le Mali sur la voie de sa réhabilitation.
Ahmed BAMBARA
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