Le financement face aux changements climatiques en Afrique est de nouveau au cœur des discussions d’un sommet, celui organisé par l’Union africaine à Nairobi au Kenya. Depuis hier, lundi 4 septembre 2023, s’est ouvert ce cénacle qui a pour ambition d’être plus concret que le récent sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial. Belle initiative, peut-on s’exclamer, quand on sait que la question climatique est le talon d’Achille de notre monde. Et la présence d’Antonio Gutteres qui rehausse l’aspect et le sérieux du sujet en débat. C’est connu, les COP ont déjà tracé les sillons, et pleins de promesses ont été faites à l’égard du continent, mais rien de concret n’ayant été réalisé, le financement du changement climatique reste un vœu pieux.
La finance des initiatives climatiques en Afrique est l’une des thématiques les plus attendues du sommet. «Nous approchons d’un moment crucial dans le calendrier climatique de cette année. Le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial a généré de l’élan, mais peu d’actions concrètes pour réimaginer le système financier international afin de lutter contre l’inégalité et les changements climatiques», explique l’organisation ClimateWorks dans un blog récent.
Selon un rapport de 2022 du Climate Policy Initiative, le monde s’était engagé à soutenir le continent avec une moyenne de 280 milliards de dollars par an entre 2020 et 2030 pour répondre au problème. Jusqu’à présent, seulement 30 milliards de dollars en moyenne ont été mobilisés. On note surtout une contribution plus faible du secteur privé (13%), alors que dans certains pays comme le Canada et les Etats-Unis, elle atteint 96%. Les organisateurs de l’African Climate Summit s’attendent à des annonces d’engagements concrets, mais la diversité des défis et des besoins en Afrique présume déjà que cela nécessitera bien plus que des annonces.
Le cas africain pose un défi, car le continent est celui qui pollue le moins en raison de sa faible industrialisation, et une consommation globale qui reste fortement dépendante des modes circulaires de production. Pourtant, le continent compte en son sein des solutions naturelles pour limiter les effets du changement climatique. Son bassin forestier, le deuxième plus important au monde, est un important capteur de CO2. Des pays comme la République du Congo sont contraints d’imaginer des solutions de croissance verte pour assurer la préservation de la tourbière de Lokolama. Mais, ils ont peu accès à des sources de financement pour se diversifier. L’exemple le plus illustratif de ce manque d’engagement pour financer la préservation de ces réserves celui du barrage d’Inga et son potentiel en hydroélectricité et en hydrogène vert dont la réalisation constitue une grosse épine aux pieds de la République démocratique du Congo contrainte de s’endetter pour y investir.
Certes, des réunions comme celui du bassin bleu sont à saluer car ça concerne l’Afrique. Mais un tel sommet comme celui de Nairobi aurait raté un peu son objectif s’il ne fait pas une piqûre de rappel aux grands pollueurs qu’ils doivent être les grands payeurs.
En prélude à ce sommet, environ 400 organisations de la société civile ont d’une même voix, dénoncé la pertinence de l’événement, arguant que son agenda a été construit par des entités ou des organisations qui défendent les intérêts des entreprises situées dans les pays pollueurs, et qui ne prennent pas suffisamment en compte les défis spécifiques de l’Afrique. La déclaration de Nairobi prévue pour le 6 septembre prochain, à l’issue de ce sommet est donc très attendue.
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