Sommet de Pau en France – La montagne a accouché d’un métis : Takuba

Sommet de Pau en France – La montagne a accouché d’un métis : Takuba

A moins d’être de mauvaise foi ou d’intelligence avec l’ennemi, on s’accorde à dire qu’à Pau ce 13 janvier, la montagne a bien accouché d’un bébé métis, Takuba, cette future Task Force qui aura pour mission de sécuriser cette gorge du fuseau centre, communément appelée zone des 3 frontières. Même les ‘’aller-sommet’’ de Pô, ville burkinabè qui ont marché hier ou leur pendant de Bamako, ne dénieront pas que le Format 1+5 de la ville du Sud-Ouest français, a produit des résultats tangibles.

Beaucoup d’encre et de salive. Des diatribes. Des vitupérations. Des manifestations, des gesticulations et des mines frustrées. Au final, que faut-il retenir du jamboree de Pau ?

La force Barkhane ne quittera pas le Sahel, portant l’effectif à 4 720 ;

Au contraire, 220 francs-tireurs gaulois rejoindront bientôt ses rangs ;

La force du G5 Sahel et le phénix de l’opération Serval (Barkhane) travailleront désormais au sein d’une coalition qui consacrera sa lutte dans la frontière commune au Burkina-au Mali et au Niger ;

Les militaires français et sahéliens partageront les informations pour plus d’efficacité ;

Les efforts seront focalisés sur l’Etat islamique au Grand Sahara afin qu’une pluie de balles tombe sur ses positions ;

 Les capacités des armées nationales seront renforcées ;

Et tout sera mis en œuvre pour que les Etats recouvrent leur souveraineté à travers le retour dans les lieux où ils n’avaient plus d’emprise. Pau peut se résumer ainsi : Barkhane + G5-Sahel pour lutter contre les katibas dans les 3 frontières, en particulier contre Al-Saharaoui.

Premier point clarifié donc : «plus de Barkhane, pas moins», selon les mots du n°1 nigérien, Issoufou. La France restera au Sahel et va plus bander les muscles et se montrer plus coopérative pour booter les terroristes hors de la région.

Second point clarifié aussi. Ou presque. Qu’est-ce que le pays du général de Gaule cherche dans à plusieurs milliers de kilomètres de ses frontières ? Foi de Emmanuel Macron, il n’est pas là pour les grandes richesses et les charmes suggérés de l’Afrique et du Sahel. Non ! Il y est présent pour lutter contre le terrorisme car il peut aussi contaminer la France, aider les pays africains à assurer leur souveraineté et c’est tout.

Quant à ceux qui continuent de penser le contraire, le fringant président n’a pas résisté à la tentation d’être mordant. Et pour l’occasion, avec le sens de la reparti, il a martelé que les cercueils couverts de drapeau tricolore qui reviennent du Sahel comme ceux des 13 … sont bien français.Les soldats français meurent pour défendre des Burkinabè, des Maliens et des Nigériens. Mais il a ajouté une nouveauté qui ne manquera certainement pas de susciter sa part d’interrogations et de supputations.

Emmanuel Macron a assuré que les fameux discours «anti-français» seraient l’œuvre de personnes qui voudraient soit bien voir les groupes armés proliférer ou alors parce que cela servirait des intérêts hautement invisibles «d’autres puissances étrangères». Mais de quelle autre puissance étrangère diantre s’agit-il ? Elles ne sont pas nombreuses sur cette short liste de puissants du monde : la Russie, les Etats-Unis, la Chine ? Ou faut-il regarder vers le Moyen-Orient ? Ou à l’Est ? Ceci est un autre débat donc qui pourrait s’alimenter. Va-t-il étouffer le fameux «sentiment anti-français» ? Difficile de parier là-dessus. Mais, on sentait un Macron, qui s’est retenu de lâcher des noms, mais honni qui mal y pense, certaines puissances, non-engagées dans les dunes du sable sahélien, se sentiront sans doute morveux. Vont-ils se moucher bruyamment ?

En attendant, pour revenir au Sahel, le sommet de Pau s’annonce également comme le dernier sommet de la chance pour la France. Le Président en exercice du G5 Sahel  le Burkinabè Roch Kaboré après l’aveu de l’annus horribilis de 2019, l’a dit, il faut des résultats rapidement. Et Macron l’a reconnu : le temps presse et il faut agir maintenant. Première évacuation le 26 mars 2020, pour voir si ce mélange de vieux avec du neuf car c’est de cela qu’il s’agit, ce reprofilage de barkhane, qui sera en tandem avec le G5-Sahel, (la poursuite de l’option militaire) mais changement de stratégie,  (avec le cap mis sur la région des 3 frontières.) pour juger de la puissance de Takuba

Dans les jours à venir, l’action militaire devrait se ressentir plus drastiquement. Les armées nationales ne devraient plus par exemple être seules à se débattre face aux acharnements des groupes terroristes. Takuba devrait se montrer plus efficace, en allant par exemple dératiser les sanctuaires des katibas, en lieu et place de riposter à chaque estocade des terroristes. La meilleure défense reste l’offensive. Les populations civiles devraient ressentir une véritable présence de ces armées. En d’autres termes, la clarification devrait semer plus de clairières dans les rangs des terroristes. Comment  appliquer l’accord d’Alger signé depuis mai 2015  mais quasi mort-né ?

Car un point sombre reste cependant sur le nez de cette rencontre à Pau. Le statut de Kidal. Le statut qui fâche. Comment détricoter l’inextricable question tribale de Kidal ou à l’évidence, c’est une famille minoritaire qui en impose à une autre majoritaire sans que les FAMA puissent trancher ? Kidal fait-il partie du Mali de jure ou de fait ? A-t-il été discuté ? A-t-il été clarifié ?  Si oui, faut-il le retrouver dans le chapitre de la restauration de l’autorité des Etats seriné par les princes réunis à Pau ? Si non, il n’est pas exclu qu’une autre «clarification» éclaire à nouveau l’horizon de la coopération entre la France et les pays du G5 Sahel .

Ahmed BAMBARA

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