Sommet Farnce-G5-Sahel de Nouakchott : Second inventaire post-Pau : des embellies militaires et Yoyo politique et économique

Sommet Farnce-G5-Sahel de Nouakchott : Second inventaire post-Pau : des embellies militaires et Yoyo politique et économique

C’est sûr, le Sahel tient à cœur le chef de l’Etat français : A preuve, son 1er voyage hors Europe post-Covid-19 est effectué en Mauritanie, où s’ouvre aujourd’hui 30 juin un nouveau sommet France-G5-Sahel.

En effet de Berlin, où il a pris part à une rencontre sur la relance économique de l’UE de l’après Covid-19, Emmanuel Macron a mis le cap sur Nouakchott, où face à ses homologues Roch, Issoufou, IBK, Déby Idriss, Ould Gazouani, ils devront examiner avec des binocles d’astrologue, mais aussi ceux de toubib, l’existant sécuritaire, politique et de développement de cette zone, enserrée depuis des années par les griffes de katibas djihadistes.

6 mois après le conclave de Pau, et 4 mois après le 1er bilan post-Pau du 25 février 2020 dans la capitale mauritanienne, que peuvent constater ces dirigeants de ces 5 pays avec la France, élargie à l’UA par Moussa Faki et l’OIF, par Louise Mushikiwabo ?

Incontestablement, en dépit des nombreux coups de boutoirs meurtriers à l’égard de civils au Mali et au Burkina, les Forces du G5 Sahel ont engrangé des victoires, aidées en cela, par Barkhane dont le nombre de militaires est passé de 4 500 à 5 100. Une force Barkhane, qui avec la mise en branle de la Task Force Takuba, nettoie autant que faire se peut, ce fameux triangle frontalier Malo-Burkina-Niger, la zone des 3 frontières. Une œuvre de sécurisation qui a pu éliminer début juin un des ennemis n°1 de la bande sahélo-saharienne, Abdelmaleck Droukdel, chef de l’AQMI. Au demeurant, depuis Pau, la capacité de nuisance, de l’EIGS d’Al-Saharaoui a diminué, même si ses spasmes sont toujours meurtriers.

Le retour de l’armée recomposée du Mali à Kidal, la réoccupation de certaines localités jadis QG de katibas, sont aussi à mettre à l’actif des engagements pris à Pau.

Les chiffres militaires de Nouakchott II sont encourageants même bémolisés par les massacres des civils, véritables souffre-douleurs des terroristes, des civils tués sur les routes, dans les lieux de culte et dans les marchés notamment au Burkina-Faso comme à Sollé, Toéni, Barsalogho, Foubè …. Volatile la situation sécuritaire l’est toujours.

Mais l’aparté de Nouakchott de ce 30 juin aura été un peu hors sujet, s’il ne se penchait pas sur une des causes de ce prurit terroriste dans la zone sahélo-saharienne : la mise en musique des actons de développement de l’Alliance pour le Sahel. Quid des projets structurants censés couper la chaîne de recrutement au sein des jeunes désœuvrés ? Où en sont les projets de développement pour inverser le prosélytisme terroriste ?

Fixation des jeunes dans leur terroir avec du travail pour ne pas céder aux sirènes des djihadistes, et érection de projets vont avec investissement. Où en est-on avec les promesses de financements ? L’état des lieux des offres d’Abou Dhabi, qui devait décaisser 20 millions d’Euros sur les 30 restants ? Les facteurs très limitants que sont les financements exterieurs font d’ailleurs que beaucoup de Sahéliens ne croient plus aux vertus salvatrices du G5 Sahel. Ont-ils raison ? Ont-ils tort ? L’avenir nous le dira !

Mais Nouakchott II devra aussi se convaincre de la détérioration de l’atmosphère politique au Mali où depuis des semaines, les fondements de la République sont secoués par le Mouvement du 5 juin mené par une coalition politico-religieuse aggloméré autour de l’imam Mahmoud Dicko. C’est un état de fait qui dirime un peu les efforts de la croisade contre le terrorisme. Car un Etat politiquement instable est une cible tout indiqué de l’insécurité.

Avec un pouvoir central, qui ahanait déjà à appliquer les Accords d’Alger, ce yoyo politique n’arrange pas les luttes contre l’insécurité.

A bien des égards, au Burkina Faso, à l’orée des élections du 22 novembre, l’encéphalogramme politique connaît également des pics et des chutes, oscillation pas toujours signe de sérénité, et de facto, non propice à booster les efforts du G5 Sahel.

Mieux, l’attaque de Kafolo, à la frontière ivoiro-burkinabè est symptomatique, que le G5-Sahel devrait mener la lutte de façon holistique, dans l’espace UEMOA, voire CEDEAO, car vraisemblablement Kafolo est un avertissement à grands frais que les katibas lorgnent les pays côtiers. Le Sahel hier, les côtiers demain ?

Victoires militaires, mais beaucoup de civils tués au Burkina Faso, attaque de Kafolo, une alliance Sahel, qui n’a toujours pas le nerf de la guerre, et surtout une zone sahélo-saharienne en proie aux turbulences politiques. Nouakchott II de ce 30 juin devra parvenir à la conclusion qu’un semestre après la réunion de Pau, le Sahel reste un bled inflammable, où la vigilance, l’action militaire et de développement restent encore de mise, pour parvenir à des objectifs probants : un Sahel pacifié.

 Zowenmanogo ZOUNGRANA

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