Sommet sur le trafic de faux médicaments : Quelle vraie thérapie pour une gangrène aux multiples racines ?

Sommet sur le trafic de faux médicaments : Quelle vraie thérapie pour une gangrène aux multiples racines ?

Sept pays africains: Congo Brazzaville, Ouganda, Sénégal, Gambie, Ghana, Niger et  Togo, se sont réunis à Lomé en fin de semaine dernière. Le président Faure Gnassingbé a pris l’initiative de cette rencontre afin de poser le diagnostic et de trouver un remède à un mal qui a pris le visage d’une thérapie. Une thérapie qui tue plus qu’elle ne guérit : les faux médicaments ou encore médicaments de la rue.

Rares sont les Africains du côté sud du Sahara et du camp des infortunés  qui n’ont  pas au moins une fois pris ces médications offertes par des vendeurs à des prix qui semblent défier la concurrence de ceux de la pharmacie officielle, aux vertus vantées avec force publicité vernaculaire mais dont l’efficacité n’a d’égal que les dégâts collatéraux qu’elles créent dans l’organisme des personnes qui les avalent.

Des discours, des engagements, des décisions musclées ont été plusieurs fois serinés  dans les palais des politiques gouvernementales, mais il n’en demeure pas moins que le phénomène a la peau dure, développe des … résistances au traitement appliqué et fait plutôt preuve d’une grande résilience. Qu’est-ce qui peut bien expliquer cela ?

D’abord, lorsqu’une difficulté sociale ancre ses racines dans une société et fait tout pour ne pas s’étioler, il n’est pas rare qu’elle bénéficie de fertilisants au sein de ceux  qui prennent les décisions. Les complicités au sommet des Etats dans ce trafic pourraient être une explication à cette incapacité d’en venir à vous. Il est parfois difficile, voire inadmissible de scier la branche sur laquelle on est soi-même assis. Cette connivence peut être cherchée jusqu’aux  remparts qui sont supposés empêcher ces médicaments de franchir les frontières. Lesdites territoriales sont fortement poreuses, certes, sur le continent, mais des yeux capables de régler le problème en aval peuvent se fermer et laisser passer des marchandises douteuses. En plus des lois dont l’adoption a été annoncée pour criminaliser davantage les acteurs de la chaine, si les projecteurs des chercheurs de solutions de ce sommet se tournaient aussi vers ces probables niches d’humus au phénomène des faux médicaments, ils pourraient certainement faire des découvertes intéressantes.

Après cela, les regards peuvent aussi se diriger vers le terrorisme. Celui-ci est à la fois une passerelle en ce qu’il comporte dans son arbre généalogique les trafics de tout genre dont celui des faux médicaments, mais aussi un consommateur car il a été cité dans plusieurs études que les «combattants» des groupes terroristes usent et abusent du tristement renommé «Tramadol» afin de mieux supporter les aléas d’un «engagement» où le volontariat et la conviction ne sont pas les choses les mieux partagées.

Enfin, l’on pourra darder les efforts sur la sensibilisation auprès des populations, principales et finales cibles des obscurs laborantins qui fabriquent ces sinistres comprimés de la santé incertaine. L’argument marketing qui hameçonne le plus les acheteurs potentiels aux coins de rue est bien celui du prix. La pharmacie signifie grosse dépense et est synonyme aussi de présentation obligatoire d’un médecin, ce qui suppose passer par un hôpital. Un parcours qui se trouve résumé par la publicité généralement flatteuse d’un vendeur de fortune et le prix jugé modique d’un comprimé.  Mais il faudrait que les populations comprennent que la santé n’a pas de prix. Et si, malade, on doit se résoudre à acheter un médicament qui va rendre encore plus malade, voire causer la mort, mieux vaut s’abstenir.

Ahmed BAMBARA

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