Les résultats du sondage d’opinion «Présimètre» du premier semestre de l’année 2019 ont été dévoilés le vendredi 14 juin 2019, à Ouagadougou par le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD). Il est ressorti que les Burkinabè sont insatisfaits de la mise en œuvre du programme présentiel, ce qui vaut à Roch Kaboré la note de 4,72/10. Une note en dessous de la moyenne mais aussi en baisse par rapport au dernier sondage (4,91).
4,72/ 10 est la note attribuée au président du Faso Roch Marc Christian Kaboré, au terme du sondage d’opinion «Présimètre», une plate-forme de suivi des engagements présidentiels, au titre du premier semestre de cette année. L’étude s’est déroulée du 1 er au 10 juin 2019 et a concerné 3024 Burkinabè (âgés de 18 ans et plus) repartis sur le territoire national.
Une note non seulement en dessous de la moyenne mais aussi et surtout en baisse comparativement au dernier sondage qui était de 4, 91/10 en décembre 2018. Ce qui démontre l’insatisfaction des citoyens par rapport à la mise en œuvre du programme présidentiel. Ce sentiment est d’autan plus perceptible en milieu rural. En effet, le chef de l’Etat a obtenu 4,67/10 en campagne contre 4,84/10 en milieu urbain.
«Depuis 2017 que nous suivons les politiques publics au niveau de ces sondages, c’est la première fois que nous avons une note moyenne en milieu rural inférieure à celle du milieu urbain», s’est étonné le présentateur du rapport, qui justifie cela par le contexte général du pays. Selon Issouf Nana, expert statisticien et membre du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), la sécurité est le principal facteur d’insatisfaction des populations, surtout celles vivant dans les zones rurales où la situation est plus préoccupante avec son corollaire qui impactent négativement l’activité économique. En outre, il convient de noter que la fronde sociale n’est pas en reste dans cet état de fait. D’après l’expert, toutes les grèves que nous avons connues que ce soit au niveau de l’éducation ou la santé ont touché le milieu rural qui, grâce au développement de la technologie arrive à suivre ce qui se passe sur le terrain et même la gestion du gouvernement. Cependant, il convient aussi de noter que tout n’est pas que sombre dans ce rapport. Il y a des points de satisfaction dans certains domaines à savoir, la réalisation des infrastructures scolaires, routières et des systèmes d’adduction d’eau potable. Parlant d’éducation, l’identification des écoles non conformes et leur fermeture a aussi rencontré l’assentiment des sondés. Il en est de même de la gratuité des soins, l’opération antiterroriste Otapuanu et la promotion des produits locaux avec le port du Faso Dan Fani.
Crise de confiance également entre les citoyens et leurs institutions !
Il n’est pas qu’au seul président du Faso qui ne bénéficie plus de la confiance des citoyens. La CENI, la Justice, l’Assemblée, le gouvernement, les partis politiques pour ne citer que ceux-là ne peuvent pas non plus s’en réjouir. En effet, il ressort des études menées en juin 2018 puis en juin 2019, que le taux de confiance des Burkinabè envers la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et la justice est passé respectivement de 52,9% à 42,3% et de 45,8% à 38%. Les partis politiques ne sont pas également mieux nantis. Toujours au cours de la même période, on note que la confiance des Burkinabè est passée de 22,1% à 18,3%. Même sanction pour le gouvernement et l’Assemblée nationale qui voient leur côte de confiance dégringolée vis-à-vis des citoyens. De 42,9% en juin 2018, le gouvernement passe à 30,8% en juin 2019. Quant à l’institution parlementaire ils étaient 39,7% à lui accorder leur confiance. Actuellement, ils ne sont que 30,6%. Les Burkinabè se sont également prononcés sur le retour de l’ancien président Blaise Compaoré. A ce niveau 67% d’entre eux sont favorables pour le «Come-back» de l’enfant terrible de Ziniaré pour diverses raisons : contribuer à la paix, répondre devant la justice ou contribuer à la réconciliation nationale. Pourtant en décembre 2018, ce taux n’était que 58%.
Par ailleurs, Issouf Nana a tenu à préciser qu’il ne s’agit pas d’un sondage électoral mais plutôt d’un sondage d’opinion dans le cadre du suivi citoyen avec pour objectifs de contribuer à la consolidation de la démocratie, d’institutionnaliser le suivi citoyen de l’action publique par l’utilisation des TIC, de renforcer l’imputabilité politique et la redevabilité socioéconomique.
Donc, «ce n’est pas à dire qu’il faut gouverner par ces sondages mais c’est d’utiliser ces résultats comme un feed-back social», a-t- il nuancé. Mais qu’à cela ne tienne, le CGD, par la voix de son rapporteur du jour, se dit persuadé que ces résultats permettront à en point douter à l’amélioration de la gouvernance. En rappel, depuis la mise en place du «Présimètre», ce présent sondage est le cinquième du genre. Pour la première année en juin 2017, Roch Kaboré avait obtenu 5, 2/10 contre 4,79 en décembre 2017 avant d’engranger 5,08 en juin 2018.
Boureima SAWADOGO
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