Soro candidat officiel à la présidentielle de Côte d’Ivoire : Maintenant, on saura qui est garçon !

Soro candidat officiel à la présidentielle de Côte d’Ivoire : Maintenant, on saura qui est garçon !

La porte qui n’était même pas entrebâillée mais largement ouverte, a finalement été enfoncée. Guillaume Kigbafori Soro, GKS pour les intimes l’enfant terrible des landes de Bouaké, l’étudiant aux grandes ambitions, l’homme aussi à l’aise dans le treillis du maquis que dans le costume trois pièces des salons feutrés, sera candidat à la présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire. Fin du (faux) suspense. Car que ce soit du temps des épousailles avec le RDR d’Alassane Ouattara, avec qui il a filé le parfait (?) amour, ou et surtout après le divorce tonitruant, Soro a toujours pensé à la magistrature suprême, en se rasant le matin.

On l’avait deviné. Depuis qu’il a refusé de rejoindre les rangs du RHDP, après avoir tenu tête à son mentor Alassane Ouattara, au point de démissionner avec fracas, encens et symbolique de la présidence de l’Assemblée nationale, on savait déjà cette éventualité inéluctable. C’était juste la date qui relevait du monde des mystères. Ce voile est désormais déchiré et le faux masque est tombé.

Le seul point discordant de cette annonce de Guillaume Soro est qu’il l’a faite loin des frontières d’Eburnie. C’est dans un environnement restreint, (diaspora) qui jure avec quelqu’un qui adore les emphases, devant un public tout aussi étroit, formé d’un échantillon d’Ivoiriens, à Valence, en Espagne, qu’il a dévoilé sa candidature. Ceci est un acte solennel qu’il aurait pu mieux l’enrouler, avec une cérémonie fastueuse, et surtout, sur les berges de la Lagune Ebrié. La déclaration de candidature s’adresse aux Ivoiriens et le mieux aurait été de la faire en ayant les deux pieds vrillés sur le sol ivoirien.

A sa décharge, on peut lui concéder que l’environnement politique actuel ne lui est pas très favorable à l’intérieur des frontières de la côte de l’ivoire. Du reste, il cite à l’envi cette descente de policiers d’Interpol qui auraient voulu lui chercher noise à son hôtel espagnol et que son petit doigt a désignés comme étant des envoyés de la machination du palais de Cocody.

Du côté d’Alassane Ouattara, on assure qu’il n’en est rien. Du reste, on se demande quelle raison pourrait bien invoquer la justice ivoirienne pour jeter Guillaume Soro en prison et si tout ceci n’était que le tissage d’un scénario de Soro visant le tremplin victimaire pour mieux vendre son projet. Un adage dit cependant que si le crocodile sort d’un marigot et affirme qu’il y règne 1 000 degrés, sur quel sabot les lions pourraient-ils s’arrêter pour le contredire ? Guillaume Soro a longtemps cheminé avec Alassane Ouattara, les deux se connaissent bien.

Les temps semblent avoir changé. Dans le passé, ADO a sorti plusieurs fois Soro des griffes de la justice, notamment en France et au Burkina Faso. Cette intention désormais officielle de descendre dans l’arène très fangeuse du pays d’Houphouët en 2020, signifie-t-elle que les pourparlers avec le PDCI d’Henri Konan Bédié n’ont pas abouti ? Ou est-ce une stratégie du ‘’Tout sauf Ouattara’’ qui se dessine avec plusieurs candidats, dont le sien et un éventuel autre du PDCI-FPI, pour contrer l’actuel président-sortant, non encore candidat, mais qui pourrait le devenir ? Quelles sont les chances de Soro ? Que vaut électoralement l’impétueux ex-patron des Forces nouvelles ?

En fait, cette annonce de l’enfant de Ferké ne dissipe pas totalement la météo politique ivoirienne, mais il y a tout de même cette règle d’airain qui fait que ce pays a toujours été gouverné par alliances, lesquelles alliances sont bâties sur des considérations géographique, sociologique et politique, et l’existence de «barons» dans des régions a toujours été le secret de toute victoire électorale.

Soro, originaire du Nord c’est-à-dire des groupes ethniques, Sénoufo, Lobis, Mandé, Dioulas mais devenu personnage transversal, pourra-t-il agglomérer les autres mosaïques de peuplement pour être roi ou faiseur de roi en 2020 ?

C’est la grande interrogation aujourd’hui, car être premier ministre, président de l’Assemblée nationale et avoir eu un parcours politique météoritique, tel que le sien n’est pas forcément synonyme de marche-pied vers le palais présidentiel. Désormais de toute façon, comme on le dit en nouchi, dans les rues d’Abidjan, on saura qui est garçon !

Ahmed BAMBARA

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