Soudan, 3 ans après la chute d’El Béchir : L’introuvable chemin de l’Etat de droit

Soudan, 3 ans après la chute d’El Béchir : L’introuvable chemin de l’Etat de droit

Quand un peuple a faim, la seule tête qu’il réclame pour assouvir ce besoin vital après que plusieurs têtes soient tombées c’est celle du chef. Le 11 avril 2019, les Soudanais tenaillés par les affres du ventre vide, les fameuses émeutes du pain ont déboulonné le tyran Omar El-Béchir, scotché à son fauteuil présidentiel depuis quasiment 3 décennies. 4 mois de danse de Saint-Guy social dans les rues de Khartoum et autres villes et le tyran tomba, avec il est vrai l’aide des canons de ses frères d’armes.

Le nouvel homme fort, le général Al-Burhan, envoya son mentor à la prison de Kober de Khartoum, avant de le juger et le condamner à 20 ans de prison tout en refusant de le livrer à la CPI, et en prenant le soin d’absoudre plusieurs dizaines de condamnés, des ministres et hauts fonctionnaires qui ont servi sous le régime déchu. 3 années après, que dire de cette révolution soudanaise ?

D’abord, le quotidien des populations n’a pas changé et s’est même empiré et ceux qui ont battu le macadam, respiré les gaz lacrymogènes, et même les familles de ceux qui ont  péri sous les balles assassines, ont l’impression d’avoir mené un combat pour rien. Ils n’ont que leur amertume à ruminer, leur deuil à porter, et une vie qui s’est dégradée de façon remarquable. Les militaires, après avoir accompli le coup d’Etat du 25 octobre 2021, ont totalement pris tous les leviers du pouvoir, la Transition civilo-militaire a vécu ! La faute à qui de cette révolution dévoyée ?

Primo: aux militaires qui ont fait semblant d’être avec le peuple, qui ont laissé ce peuple affaiblir le dictateur avant qu’eux ne lui donnent le coup de grâce, tout en s’emparant de tout le pouvoir. Rusant par une Transition bicéphale, dont chacun savait que sa traction allait être compliquée, les soldats ont finalement fait tomber bas le masque. Le pouvoir est au bout du fusil au Soudan, depuis 1989. Et aujourd’hui, les civils sont les martyrs d’une révolution inaboutie et confisquée par la soldatesque.

Secondo: la Communauté internationale n’échappe pas aussi à cette posture d’abandon dans laquelle elle s’est coulée vis-à-vis du Soudan. Passés les premiers mois où elle s’est intéressée à la lutte des Soudanais, la situation est devenue un phénomène banal, que de temps en temps, les journaux télévisés brandissent en flash ou que des droits-de-l’hommiste condamnent, ou encore que certaines puissances évoquent lors de sommets où il faut parler géopolitique. C’est tout.

Comment vivent les Soudanais, 3 ans après le renversement d’El-Béchir ? Comment rétablir une vraie Transition dont l’issue sera l’organisation d’élections libres et transparentes ? La même Communauté internationale semble ne plus montrer le même empressement pour tous ces objectifs vitaux pour les Soudanais. Et la situation s’enlise, le peuple trinque.

On ne sait pas pourquoi mais cette Communauté internationale, disons, le G7, ou G20, ceux qui dictent la marche du monde ont de nos jours tous leurs radars tournés vers la guerre Russie-Ukraine, plutôt que vers des Africains qui s’étripent au Soudan. Un Soudan qui semble être le cadet de leurs soucis. Ainsi va le monde et justement, l’Afrique ou plutôt les Afriques (54 pays) doivent apprendre de l’histoire passée, mais aussi de celle qui se déroule sous leurs yeux, observer le comportement des puissantes nations occidentales. Entre le Soudan, et l’Ukraine, le choix de la Communauté internationale, ne se discute pas. La preuve, toute les frontières jusqu’au Japon sont ouvertes pour acceuillir les réfugiés ukrainiens. La solidarité est palpable, tandis que les herses, les frontières et des murs se dressent lorsque les Africains fuient les mêmes situations de guerre dans leurs pays. Selon que vous viendrez de l’occident ou de l’Afrique… On vous ouvrira les frontières. Le Soudan interesse peu. L’Ukraine oui.

La REDACTION

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