Soudan- Algérie, Printemps arabes, Saison II : Les civils ne veulent pas de la transition des prétoriens

Soudan- Algérie, Printemps arabes, Saison II : Les civils ne veulent pas de la transition des prétoriens

Quel fil rouge relie le général Gaïd Salah d’Algérie à son homologue soudanais Abdel Fattah Abdelrahmane Burhan ? Réponse évidente : tous deux vont tant bien que mal essayer de superviser les transitions dans leur pays, après le départ forcé de leurs mentors décoiffés par la bourrasque ruelle, laquelle rue n’a d’ailleurs pas fini son œuvre de salubrité politique puisqu’elle exige de conduire ses pouvoirs intérimaires jusqu’à terme.

Moins de 2 semaines en effet après le départ forcé du valétudinaire de Zeralda, parti avant la fin de son 4e mandat, qui échoit le 28 avril, moins de 2 semaines donc, après la chute du timonier algérien Boutef, c’est un autre baobab soudanais celui-là d’être déraciné, et dans la foulée, ce sont ceux-là mêmes qui veillaient depuis 30 ans sur ce pouvoir soudanais, qui ont aidé sinon intimé au reprouvé du peuple, de gérer la transition, comme en Algérie.

Effet domino ou pas, les similitudes entre les révolutions algérienne et soudanaise sont frappantes avec tout de même quelques petites dissemblances.

Dans les 2 pays, ce sont bien les manifestants qui ont eu raison des 2 dirigeants, usés par des décennies de pouvoir gangréné par la corruption et le clientélisme, mais surtout les ressemblances se lisent dans la posture des militaires :

de part et d’autre, ce sont eux qui ont «débarqué» le président et qui ont proposé la feuille de route au peuple, pour le retour à un Etat de droit.

Si en Algérie, le général Gaïd bien que ce soit lui qui par son oukase a déclaré Boutef «inapte», s’est gardé de prendre les devants, surfant sur la crête constitutionnelle, notamment l’article 102 qui stipule que c’est bien Abdelkader Bensalah, le président du sénat, qui sera l’intérimaire, au Soudan par contre, l’armée a pris «ses responsabilités» et après l’éphémère Ibn Awouf, c’est par une pichenette que le pouvoir a échu à Al Fattah Abdourhamane.

En Algérie, l’armée demeure le marionnettiste de la transition de 90 jours, tandis qu’au Soudan, bien que le Conseil militaire de transition fasse la cour aux artisans de cette révolution c’est-à-dire les Soudanais, à travers l’Association des professionnels soudanais, et les Forces de liberté et de changement pour qu’elles acceptent un gouvernement civil, mais cornaqué par le général Abdel Fattah, rien n’est joué. Tel un home éconduit par une femme mais qui ne se décourage pas, depuis hier, le général Abdel Fattah, très populaire au sein de la population essuie rebuffade sur rebuffade de la part des manifestants, qui n’en démordent pas : pas de transition militaire, ‘’Oui’’ à un gouvernement civil, ‘’Oui’’ à un jugement d’Omar El Béchir, ‘’Non’’ à la présence du parti de ce dernier dans les discussions ! Boycott des rencontres par l’Association des professionnels soudanais et par les forces de liberté et de changement.

En Algérie, les magistrats renâclent à superviser la présidentielle du 4 juillet, ce qui en rajoute au mauvais signe dans cette transition de 3 mois.

A la vérité en Algérie, comme au Soudan, se joue l’avenir des prétoriens africains ou si vous préférez du pouvoir kaki, qui depuis les après-indépendances, sont rentrés par effraction dans l’arène politique, et ne veulent plus en sortir. Qu’on appelle raccourci militaire, révolutions de palais, putsch, les soldats ne sont pas au cœur du pouvoir, mais sont le pouvoir même, car souvent, le dernier verrou auquel est adossé le chef de l’Etat.

Après bien des infortunes, diverses, tels les calamiteux putschs du général Aya Sanogo au mali en 2012, ou celui de son homologue burkinabè Gilbert Diendéré en septembre 2015, les militaires de plus en plus  rentrent dans les casernes et deviennent républicains. De mauvaises grâce.

Mais, il y a surtout le fait qu’il y a désormais plus fort que l’armée : le peuple.

Quiconque revisite l’insurrection burkinabè des 30 et 31 octobre 2014, la furia des printemps tunisien et égyptien, se rendra compte qu’il y aura de moins en moins, de militaires-présidents. A moins qu’ils fassent tomber le treillis, pour se mettre à l’école des urnes !

Et si en Algérie ou au Soudan, in fine, ce sont les 2 généraux, qui arbitreront ces transitions, il est peu probable qu’ils gardent le pouvoir comme en Egypte avec le général Al Sissi. Les temps changent, l’Afrique se démocratise.

Transitaires Oui ! Titulaires Non ! Par la volonté des peuples soudanais et algérien.

Sam Chris

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