Soudan, après la tuerie de 5 étudiants à Al-Hubeye : Le peuple n’en démord pas : Basta les militaires !

Soudan, après la tuerie de 5 étudiants à Al-Hubeye : Le peuple n’en démord pas : Basta les militaires !

Le Soudan s’enlise dans la crise sociopolitique qui s’est aggravée avec la mort hier 29 juillet 2019 de 5 étudiants à Al-Hubeye au centre du pays lors d’une manifestation. A un moment où les négociations entre les Généraux au pouvoir et les civils hostiles aux militaires pour une sortie de crise devaient reprendre  ce 30 juillet 2019.

Conséquence : les négociations finales sont suspendues suite à ces tueries, rendant plus incertain l’aboutissement de l’accord du 17 juillet 2019 prévoyant le partage du pouvoir entre civils et militaires dans le respect d’une stricte parité pendant la période de Transition. Ce mardi 30 juillet 2019, la rue a encore parlé à Khartoum, puisque les manifestants ont marché pour dénoncer la mort des 5 personnes.

Cet autre massacre vient alourdir le décompte macabre  avec la tuerie du 3 juin dernier qui a fait 126 morts selon les civils et 87 morts d’après les autorités militaires. Cette polémique indécente autour du nombre de tués, en dit long sur le cynisme de ceux qui l’ont perpétrés. 87 ou 126 morts, même un mort, c’est trop.

Et pourquoi d’ailleurs avoir refusé que cette enquête soit internationale et indépendante ? Le Soudan va-t-il continuer à enterrer ses fils et filles pour assouvir les ambitions d’une junte militaire qui, aux yeux des civils, a tout du pouvoir d’Omar El Béchir ?  Le peuple soudanais a réalisé ce qui paraissait, a priori, impossible : réussir à chasser du pouvoir le massacreur de Dardouri, le satrape Omar El Béchir le 12 avril 2019. Un dictateur à la tête de l’Etat depuis 1989 !  Le peuple, aujourd’hui vent debout contre les généraux au pouvoir, n’est pas prêt à se faire voler les bénéfices de ce sacrifice suprême consenti pour s’assurer un destin plus prometteur.  On le sait, le quarteron de généraux qui a confisqué jusque-là le pouvoir, ne veut pas le partager conformément à la volonté des civils qui jurent pas une Transition sans militaire, ou du moins, dirigée par des civils.

Et ces Généraux le font savoir. D’abord par le blocage (suivi de la réouverture) de la connexion Internet dans le pays, pour empêcher les manifestants de s’en servir pour communiquer autour des images du massacre du 3 juin dernier  et organiser la résistance. Ensuite, par les milices à la base des exactions, meurtres et des violations des droits humains qui sont à la solde de junte notamment du n°2 le général Hemetti. On voit à travers cette stratégie de négociation (des accords) des généraux un agenda caché  qui n’a d’autre but que la déstabilisation du pays qui pourrait bien sombrer dans le chaos si leurs desseins funestes se réalisaient.

L’accord du 17 juillet devrait mettre fin à ce double jeu des militaires, supprimer les milices auteures des tueries. La tragédie de ce 29 juillet vient  corser les choses pour les militaires. Puisque, désormais les civils sont déterminés à tout tirer au clair. Pas question de tolérer  une armée à deux visages. En suspendant les négociations pour se rendre sur les lieux du drame du 29 juillet, les civils se veulent fermes. En effet, pourquoi continuer à croire à un texte dont l’esprit et la lettre sont foulés au pied par une partie des signataires en l’occurrence, le général Abdel Fatah Al-Burhan et ses compagnons d’armes ?

Et le peuple soudanais, avec à sa tête, l’ALC est tellement allé loin dans sa quête de démocratie et de liberté, il a payé un lourd prix du sang qu’il lui est impossible d’un rétropédalage. Ce sera la damnation assurée. Les militaires le savent bien aussi et résistent, mais jusqu’à quand ? La communauté internationale qu’ils prennent à témoin devrait faire pression sur le général Abdel Fatah Al-Burhan et sa bande qui semblent vouloir gagner du temps.

L’Arabie Saoudite et l’Egypte qui ont de l’ascendant sur  Khartoum pour ne pas dire qu’ils sont les parrains des putschistes devraient véritablement taper du poing sur la table et amener les militaires à privilégier l’intérêt supérieur de la nation. Ceci sonne comme un extrait de l’hymne national du Soudan dans les esprits : « tout ce qui rappelle omar El-Béchir, les Soudanais ne veulent plus en entendre parler ». Comme cette junte militaire qui a confisqué le pouvoir.

H. Assane

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