Soudan, après le staccato des armes : Une révolution pas si tranquille

Soudan, après le staccato des armes : Une révolution pas si tranquille

Du 19 décembre 2018, début des émeutes de la faim, transmutées en révolution qui a emporté le dictateur oblong à la canne qui régenta le pays pendant 20 ans jusqu’à ces derniers jours, rarement, on a tiré un coup de feu.

Même la mise à l’écart d’Omar El Béchir, s’est faite en une quasi-silencieuse révolution de palais, de même que son inculpation, il y a 48 heures pour crimes.

Pourtant, cette révolution joyeuse à l’image de sa sœur presque siamoise algérienne est en train de dégénérer, car dans la nuit du 13 au 14 mai dernier, le staccato des armes automatiques à troué Khartoum notamment, le quartier général de l’armée, foyer incandescent de la contestation. Hier au petit matin, on dénombrait  6 tués.

– Qui a ordonné de tirer sur cette foule agglutinée en ces lieux depuis des semaines ?

– Est-ce des éléments de la Force de Soutien Rapide, du général Hemedti, n°2 du conseil militaire de transition ?

Comme en pareil cas, ce corps paramilitaire à mi-chemin entre garde prétorienne et supplétifs de l’armée régulière nie toute implication indexant des infiltrés, qui portaient leur uniforme couleur beige.

Qu’est-ce qui a provoqué ces tirs à balles réelles, quand on sait que même si civils et militaire pinaillent à trouver un modus vivendi, il y a quelques avancées notables ?

Qui a intérêt à ce que les négociations capotent ?

Néanmoins, chacun reste accroché à cet accord-cadre auquel sont parvenus les différents protagonistes la veille. Toutefois, sans les détails de cet aggiornamento, on reste circonspect, car on sait que ça coince sur la volonté des civils de conduire la transition eux seuls, alors que le général Abdurhaman Burhan et ses frères d’armes veulent un organe de transition mixte.

L’Accord-cadre trouvé table lui sur un attelage tricéphale : un conseil souverain formé de civils et de militaires, un parlement et un comité exécutif.

Et dans tout ça, c’est l’armée qui restera à la manœuvre.

A la vérité, ces premières tueries de cette révolution soudanaise marque un tournant, qui pourrait déboucher sur 2 scénarios :

1) le cas égyptien : les militaires, en sacrifiant Omar El Béchir sur l’autel des manifestants ont eu un répit et cherchent à accompagner les Soudanais, tout en gardant certains de leurs privilèges et ceci pourrait déboucher à un scénario égyptien avec un Al-Sissi soudanais, qui remplacera El Béchir.

2) Le scénario tunisien : si les civils parviennent à prendre le dessus, il pourrait y avoir des élections, et un des leurs pourrait étrenner la présidence. Reste à trouver avec qui gouverner, à mettre une armée habituée à jouer les premiers rôles au pas et à relancer une économie soudanaise exsangue privée de sa manne pétrolière. A vrai dire, s’il est facile de se débarrasser d’un dictateur, il n’est pas aisé de gérer l’après, surtout si ce pouvoir était kaki et veut se succéder à lui-même via des subterfuges.

 Sam CHRIS

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