Soudan : Dégommé et remis en selle, que peut encore Hamdok ?

Soudan : Dégommé et remis en selle, que peut encore Hamdok ?

C’est fait ! Abdallah Hamdok, le Premier ministre écarté le 25 octobre 2021 par l’armée est désormais libre.  Alors que l’on approche du trentième jour du coup d’Etat qui l’avait poussé vers la sortie et confiné en résidence surveillée, l’ancien chef de l’exécutif soudanais a bénéficié d’une levée d’écrou de la part de son tombeur, Abdel Fattah Al-Burhan. Les deux hommes que tout opposait encore il y a quelques jours, ont dans la foulée procéder à la signature d’un accord qui le remet en selle pour la suite de la Transition.

 Pour la cause, la télévision publique a été mise à contribution pour immortaliser l’évènement. L’un à la suite de l’autre, les deux hommes ont pris la parole pour marquer l’évènement et se sont ensemble engagés à remettre le «Soudan sur les rails» à travers la mise en œuvre de l’accord civilo-militaire de 2019. Le sort des prisonniers politiques embastillés depuis le coup de force du 25 octobre dernier a été débattu et l’accord paraphé prévoit leur mise en liberté.

Hamdok, libre ne signifie toutefois pas, fin de la contestation, dans la rue la grogne se poursuit  avec son lot de victimes de la répression militaire.  Hier encore, des civils ont payé de leur vie en voulant défendre la démocratie, la liberté et la justice. Du reste, ce fléchissement de la junte militaire qui remet le Premier ministre Hamdok en liberté est vu d’un mauvais œil par les manifestants. Des voix s’élèvent déjà pour dénoncer un acte de trahison de ce dernier après sa première sortie. Ils sont nombreux les manifestants qui ne se reconnaissent pas dans l’accord paraphé par les deux hommes.  Au sein de l’opinion soudanaise, le message est clair : il n’est pas question de négocier avec des putschistes ni de de cohabiter avec une junte qui tue et  dont les mains sont tachées du sang de Soudanais.

Pour les contestataires, cet accord sonne comme un «deal» entre les deux hommes et annihile les espoirs d’un renouveau démocratique dans ce pays dirigé d’une main de fer trois décennies durant par Omar El Béchir et ses comparses. Aussi, accepter ce qui a été décidé par Al-Burhan et Hamdok revient à observer un retour en arrière en termes d’acquis. Les prochains jours s’annoncent incertains avec ces différentes prises de position. Le bâillon dressé par les militaires fidèles au général putschiste n’aura servi qu’à accroître la détermination  des milliers de Soudanais et les conforter dans leur position. Du coup, se pose la question du sort de l’ancien- nouveau premier ministre qui aura du mal à se faire adouber de nouveau par ceux qui depuis son renversement, battait le pavé en bravant la mort et les balles d’une armée qui peine à faire sa mue vers la protection des institutions de la république. De quel poids disposera-t-il après cet accord rejeté par ses compatriotes ? Au final, en acceptant de se tenir aux côtés de son tombeur d’hier pour apposer sa signature sur cet accord, Hamdok se fait harakiri et tout un parcours impressionnant qui aura été sacrifié à moindre frais .

 Davy Richard SEKONE

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