Soudan : Jusqu’à quand tiendra Omar El Béchir face à l’Association des professionnels ?

Soudan : Jusqu’à quand tiendra Omar El Béchir face à l’Association des professionnels ?

Dans les démocraties, lorsque le ventre est vide l’urne sonne creux et dans les dictatures, la famine fait disparaître la peur à l’égard des gardes-chiourmes du régime. Depuis le 19 décembre 2018, la déferlante de ce qui était des émeutiers de la faim s’est muée, en une révolution, qui a des airs de printemps arabe, tant par son spectre humain drainé par des foules que par les villes principales et secondaires qu’elle touche. Un mouvement de rejet comme cela furent les cas en Tunisie et en Egypte contre un pouvoir fossilisé, une oligarchie et surtout contre un homme qui incarne jusqu’à la caricature, le prototype même du tyran qui veut gouverner son peuple contre son gré : Omar El Béchir.

Depuis 1989 que El Béchir le général-putschiste s’est emparé du pouvoir, pour se faire absoudre après par des pseudo-élections, il a eu maille à partir à des manifestations qu’il parvint toujours à mâter, y compris dans le sang.

Mais jamais depuis ces 30 ans qu’il est à la tête du Soudan, le célèbre homme oblong de Khartoum n’a eu à essuyer les sautes d’humeur d’une telle envergure : de mécontents de la valse du prix du pain, on est passé à un mouvement mieux structuré, regroupé dans l’Association des professionnels soudanais qui réclame désormais la tête de Béchir. «Le régime doit tomber, c’est notre objectif» a martelé le porte-parole de conglomérat anti-Béchir lors d’une conférence de presse hier 19 février. Un regroupement dans lequel on retrouve des petits partis politiques, des syndicats, des organisations de la société civile…

Pour tous ces opposants à El Béchir, c’est une course contre la montre qui a pour nom : les élections de 2020 et la modification de la constitution.

Comme tout bon dictateur, El Béchir est lui aussi atteint de cette maladie incurable qu’on nomme la tripatouillite constitutionnelle. Biffer les mentions utiles de cette loi fondamentale, particulièrement celles qui limitent le nombre de mandat présidentiel, voilà l’exercice auquel s’apprête à se livrer El Béchir avant la présidentielle de 2020, lequel sait qu’il trouvera les émeutiers actuels sur son chemin. Le maître du Soudan peut compter sur un appareil sécuritaire acquis toujours à sa cause et à une armée qui lui reste fidèle. Mieux, son parti politique ne connaît pas encore de craquellements. Des verrous donc toujours bien cadenassés ? Pas si évident car si un Omar El Béchir a fermé les réseaux sociaux, expulsé des dizaines de journalistes et mis sous éteignoir plusieurs médias, c’est qu’à défaut de nager dans une atmosphère de fin de règne, le régime a peur des images d’un peuple débout, des répressions qu’il va perpétrer…

Jusqu’à quand tiendra le massacreur de Darfouris face à ses opposants dont les rangs ne font que grossir au fil des jours ?

Jusqu’où s’arrête la fidélité des anges gardiens d’El Béchir, sa garde prétorienne, dernière capitonnade de tout partisan du pouvoir à vie ?

Omar El Béchir a défié et nargué la CPI et à l’époque, ses compatriotes l’ont supporté, à présent c’est le même peuple qui le voue aux gémonies, à l’image des huées dont il fut l’objet dans la ville d’Al-Gazira.

Il est passé entre les nasses de la Cour de La Haye, mais à l’évidence les affaires domestiques paraissent plus menaçantes que la juridiction issue du Traité de Rome.

La Rédaction

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