On ne peut pas être chef de file de l’opposition et rater un rendez-vous fondamental telle qu’une présidentielle à moins d’un empêchement majeur. C’est pourquoi l’investiture de Soumaïla Cissé pour briguer la magistrature suprême du 29 juillet 2018, au Mali, est un acte normal, car l’URD est la 2e force politique du pays, et l’ambition première s’un parti, a fortiori d’un grand parti est la conquête du pouvoir d’Etat.
Soumaïla Cissé a donc été oint ce 10 mai 2018 dans un stade du 26-Mars de Bamako plein comme un œuf par son parti l’Union pour la République et la démocratie (URD) et la plateforme «Ensemble, restaurons l’espoir» composée de 30 partis politiques et de plus de 200 associations. Soumaïla Cissé n’est pas un poussin d’hivernage en politique et dans la faune malienne, il est très connu comme la hyène blanche en Afrique. Son pédigrée administratif et politique en impose : plusieurs fois ministre et précieux allié d’Alpha Omar Konaré dans les années 2000, il a su faire ses armes pour devenir aujourd’hui, le patron de la seconde force politique de l’ex-Soudan français. Ce n’est pas la première fois que l’ex-grand argentier du Mali se met sur la ligne de départ pour le mandat suprême. Déjà en janvier 2002, il était le champion de l’ADEMA/FASJ contre ATT pour la succession d’Alpha Omar Konaré. Il sera battu par ATT et obtiendra 35%. Considérant cette défaite comme la conséquence d’un lâchage par Konaré, il rompra les amarres avec ce dernier et créera l’URD en juin 2003. Après l’intermède de 7 ans, où, président de la Commission de l’UEMOA, il mit un bémol à ses prétentions électorales, voici Cissé de nouveau postulant pour la colline du pouvoir. C’est légitime de sa part : au second tour de la dernière présidentielle, le 11 août 2013, il avait obtenu 22,39% des voix contre le candidat du RPM de l’époque d’IBK, qui sera élu avec 77,61%. Celui donc qui, le 12 août 2013, au lieu de décrocher son téléphone pour féliciter le gagnant, a préféré faire le déplacement en personne à Sébéréniko ( quartier de Bamako), au domicile d’IBK pour le lui dire, geste chevaleresque et fair-play s’il en est, n’entend pas pour ce coup-ci rater le coach : «C’est l’heure du changement… sachez que la victoire, elle est certaine… pas de tricherie… pas de fraude comme 2013…». Il joue sa dernière carte, car à 69 ans, ce devrait être son ultime essai pour escalader cette colline présidentielle.
Soumaïla Cissé ou la tentation de Koulouba, car l’enfant de Nianfufé sait qu’il n’a plus droit à l’échec. Mais pour battre IBK, le patron de l’URD devra parvenir à faire chorus autour de sa personne, l’opposition malienne, qui, visiblement n’entend pas pourtant, présenter un candidat unique. Les Omar Mariko de la SADI, Moussa Mara de YELEMA, Choguel Kolkala, Maïga du MPR, et autre Modibo Sidibé des FARE, se rangeront-ils derrière le chef de l’opposition qu’il est ? Sachant qu’en Afrique, la kyrielle des candidats est la maladie infantile des opposants ? En tous cas, Cissé joue son va-tout et de sa capacité à rassembler le maximum dépendra sa victoire ou sa défaite .UNE
La Rédaction
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