C’est une décision qui à coup sûr produira un effet domino à travers le monde. Hier lundi 15 mars 2021, la France a décidé de suspendre l’utilisation du vaccin d’Astrazeneca contre le Covid-19 à titre préventif, jusqu’à un avis européen mercredi. L’annonce a été faite par le locataire de l’Elysée, Emmanuel Macron. En attendant un avis de l’Agence européenne des médicaments (AEM) qui sera rendu mardi après-midi, la France suit ainsi l’exemple de plusieurs autres pays européens, dont l’Allemagne et l’Italie, qui ont constaté des effets secondaires chez des patients vaccinés, notamment l’apparition de caillots sanguins.
Une douzaine de pays ont suspendu par précaution l’utilisation du vaccin d’AstraZeneca contre le Covid-19, après le signalement de ces effets secondaires.
Pour sa part, le groupe pharmaceutique anglo-suédois affirme qu’il n’y a «aucune preuve de risque aggravé» de formation de caillot sanguin entraîné par son vaccin. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime de son côté qu’il n’y a «pas de raison de ne pas utiliser» ce vaccin.
Toutefois, les pays qui ont décidé de la suspension du vaccin reconnaissent qu’il n’y a aucun lien avéré entre ces problèmes de santé et ce vaccin, à part l’enchaînement chronologique. S’il est suspendu, c’est simplement le temps de s’assurer qu’un tel rapport n’existe pas, ce qui nécessite une véritable enquête scientifique.
L’OMS va réunir mardi son groupe d’experts sur la vaccination pour étudier la sécurité du vaccin d’AstraZeneca. L’AEM tiendra une « réunion extraordinaire » jeudi prochain, mais affirme que les avantages du vaccin l’emportent toujours sur les risques.
Cette polémique sur les «effets secondaires de ce vaccin» a lieu au moment où plusieurs pays africains ont, dans le cadre de l’initiative COVAX, reçu d’importants stocks de ce vaccin pour débuter une vaste campagne de vaccination contre la pandémie. Il s’agit du Ghana et de la Côte d’Ivoire. Les deux pays avaient respectivement reçu 600 000 et 504.000 doses du vaccin. Ces vaccins ont été produits sous licence par le Serum Institute of India (SII) en Inde. Il s’agit du deuxième lot expédié et livré en Afrique par le mécanisme COVAX dans le cadre d’un effort sans précédent pour fournir au moins 2 milliards de doses de vaccins contre la Covid-19 d’ici la fin 2021.
Mais pour qui connaît l’esprit de méfiance qui a accueilli la survenue de cette pandémie sur le continent africain, il est évident que la réception des premières doses n’a produit l’effet escompté par ces «généreux donateurs». Aujourd’hui avec la suspension temporaire dont ce vaccin fait l’objet, on se demande ce qu’adviendrait de ces doses expédiées vers les pays pauvres d’Afrique. D’ores et déjà, les plus réfractaires, convaincus par les multiples thèses complotistes avaient vite fait de lancer des appels au refus de tout vaccin venu des laboratoires occidentaux. Que va décider l’Union africaine dans ce contexte de controverse ?
Cette nouvelle donne qui apporte de l’eau au moulin des plus sceptiques vient conforter ces «thèses» qui ont de tout temps rythmé les activités et découvertes scientifiques. Après ce couac, comment pourra-t-on convaincre les Africains à tendre le bras pour se faire vacciner ?
La rédaction
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