Suspension de RFI au Burkina Faso : Voilà pourquoi il faut «réveiller» le CSC !

Suspension de RFI au Burkina Faso : Voilà pourquoi il faut «réveiller» le CSC !

Les jingles et infos de RFI ne résonneront plus sur les radios transistors au Burkina pendant quelques temps. Ainsi, en ont décidé les autorités de la Transition qui accusent «la radio mondiale» d’avoir fait mention de l’audio d’un chef djihadiste et une autre relative aux derniers évènements liés aux «velléités de déstabilisation».

A vrai dire, d’abord, il faut souligner que RFI était déjà «attendue au tournant», car il y a quelques semaines de cela, elle avait déjà écopé d’une sorte d’avertissement pour une autre sortie jugée non-professionnelle.

Une suspension qui prive certes ceux qui ont le transistor comme objet de chevet, qui dorment et se réveillent avec RFI, mais qui n’empêchera pas de suivre ce média via Internet et ou tous les autres canaux technologiques.

N’empêche que cette suspension est symbolique et symptomatique non seulement du contexte de ressentiment antipolitique française mais aussi des rapports délicats entre la presse nationale et RFI.

Pour la presse nationale, depuis même avant l’avènement des militaires au pouvoir, on a reproché aux médias locaux, de hurler avec l’ennemi, de «faire l’apologie du terrorisme … de démoraliser la troupe …».

Pourtant, la presse burkinabè dans son ensemble, est professionnelle et a toujours l’éthique et la déontologie en bandoulière, quand bien même il y a des moutons noirs dans la profession. N’importe qui peut en une seconde créer son site. Avec quelques subsides, on crée un journal qui paraît au gré des expédients glanés à gauche et à droite. Une presse démunie, mais qui essaie de faire son travail correctement dans le respect des lois de notre pays.

Pour en revenir au cas de RFI, il aurait fallu d’abord au niveau local faire un communiqué pour invalider la fameuse vidéo incriminée, et la faire supprimer. Ensuite, faire des précisions que RFI allait obligatoirement relayer comme un démenti. Ce qu’a dit RFI, professionnellement, il n’y a pas de défaut sur le plan déontologique, rien à dire, peut-être peut-on fignoler sur l’éthique. Etait-ce opportun de diffuser cette info ? Généralement aussi, RFI utilise concernant les infos sur les vidéos, le mot «authentifié» dans ce cas-ci, cela n’a pas été fait. Pour le reste, RFI a fait son job. Car c’est mal connaître ce média sis à Issy-les-Moulineaux à Paris de croire que ses journalistes sont des «Yes men» qui obéissent en moutons de panurge ! Que nenni !

Oui, il est vrai que le gros du Budget de RFI est fourni par le ministère des Affaires étrangères, que son PDG, bien que nommé par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) l’est sur proposition du Quai d’Orsay.

Mais savez-vous que les journalistes refusent certains diktats de la hiérarchie, lorsque cela jure avec l’orthodoxie journalistique ? Une interview d’un opposant africain que souvent le président veut empêcher de diffuser ou une info avérée, mais gênant pour satrape …

Oui, en France, on a suspendu des médias russes, Nathalie Yamb (activiste) est persona non grata. Mais en Afrique, convenons-en dans ce fatras de modulation de fréquence comme celle des ondes courtes, RFI n’est pas un média comme les autres. Parfois présentée comme «hostile» aux intérêts d’un pays, elle est souvent une campagne, un relais utile pour un pays ou ses autorités … S’il arrive qu’on perçoive qu’elle est une «voix subversive», ou distille des infos séditieuses, pour le cas d’espèce, le Burkina en a fait un problème qui n’en est pas un. On cite le Mali, qui a suspendu RFI et France 24, mais même là-bas, c’est la Haute Autorité des Médias qui a pris cet oukase. Au Burkina, c’est directement le gouvernement qui a «frappé» RFI, la loi a ainsi été écornée, car c’est le CSC qui est qualifié pour gérer une telle question. Les conventions des médias sont signées avec cet organe de régulation. C’est le CSC qui attribue les fréquences. C’est lui qui les suspend ou les retire.

Donc, il suffit que RFI este devant les tribunaux administratifs et fera annuler cette suspension. Voilà pourquoi, il faut «réveiller» le CSC, endormi exprès par un chloroforme politique avec le refus de signer le décret de nomination auquel s’est ajoutée une plainte qui pend en justice …

Le problème de l’information et la communication au Burkina, ce ne sont pas les journalistes (locaux et PI : presse internationale), mais les réseaux sociaux et les activistes qui produisent à l’échelle industrielle Fake News, Fläming, bashing contre X ou y avec le douillet couvert de l’anonymat ! Avec en sus espèces sonnantes et trébuchantes comme récompense.

Qui peut assurer que la vidéo à problème qui a valu entre autres la suspension à RFI, n’a pas été visionnée même par des autorités du Burkina ? On ne gouverne pas un pays avec Facebook, WhatsApp ou Tik-Tok, mais avec des décisions assumées, le concours de médias sérieux et une communication de crise. Il faut remettre le CSC en selle ! 

La REDACTION

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 1
  • comment-avatar
    Mano 1 an

    Brs

  • Aujourd'hui au Faso

    GRATUIT
    VOIR