Suspension du Soudan par l’UA : A quoi s’attendaient Burhan et Compagnie ?

Suspension du Soudan par l’UA : A quoi s’attendaient Burhan et Compagnie ?

L’Union africaine retenait son coup jusque-là. Elle a fini par l’assener, obligée par l’incompréhensible agissement du Conseil militaire au Soudan. Une centaine de morts. Si ces chiffres sont avérés, ils témoignent que les militaires soudanais se sont livrés à un carnage contre des manifestants aux mains dénudées, uniquement munis de leur soif de changement et d’avènement d’une démocratie véritable, où les richesses du pays seront partagées équitablement entre les fils et filles du Soudan.

Une telle bestialité reste peu justifiable dans le contexte du Soudan. Les manifestants devant le QG de l’armée étaient-ils des terroristes ? N’étaient-ce pas les mêmes qui célébraient les mêmes militaires au moment où l’horloge soudanaise sonnait la déposition du président Omar El Béchir ? N’étaient-ce pas les représentants de ces mêmes manifestants avec qui les hauts gradés du Conseil militaire étaient assis, palabrant de l’accord qui devait sanctionner une sortie de crise au Soudan ? Qu’est-ce qui peut donc expliquer cette soudaine cavalcade sanglante dans les rues de Khartoum si ce ne sont les résultats de conseils mal avisés ou de desseins au noyau fortement obscur ?

Quoi qu’il en soit, cet instant d’aveuglement, s’il en est, risque de coûter cher aux membres du Conseil militaire. L’Union africaine a maintes fois eu l’occasion de montrer qu’elle était opposée aux prises de pouvoir par les armes sur le continent. Et si le Conseil de sécurité de l’ONU est écartelé entre les intérêts de la Chine-Russie et de l’autre bloc, ce n’est pas le cas de l’organisation africaine, qui avait, dès le départ, ordonné que les militaires remettent le pouvoir aux civils qui ont été les premiers à réclamer un changement de façon de gouverner au Soudan.

Il reste à espérer que les « puissants » sortiront de leur perpétuelle guéguerre nourrie par la sève de leurs intérêts et que les « conseillers politico-intéressés » des bidasses soudanais que sont l’Egypte, l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis reverront leurs notes et  gribouillages pour empêcher que d’autres civils innocents et aux bras nus ne s’écroulent sur le sol soudanais.

Les membres du Conseil militaire eux-mêmes devraient savoir raison garder. La hantise des islamistes ne devrait pas faire perdre de vue l’essentiel de ce pour quoi ils ont revêtu le treillis, c’est-à-dire sauver la vie de leurs concitoyens. S’entêter dans cette voie peu chevaleresque (quel honneur un militaire tire-t-il à ouvrir le feu sur un civil désarmé ?) pourrait les conduire dans les obscurs tunnels du déshonneur après avoir connu les splendeurs des hauteurs de la célébration des héros.

Ahmed BAMBARA

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