Tabaski 2019 : Frugale et craintive au Sahel

Tabaski 2019 : Frugale et craintive au Sahel

Comme à l’accoutumée, à cette fête musulmane, la star c’est lui : le mouton, qu’il soit de pelage tout blanc, roux ou les deux à la fois, il y en a que pour le mouton, Tabaski signifiant «fête du mouton».

Alors que près de 2,5 millions de pèlerins dont des milliers d’Afrique effectuaient leur «hadj» en Arabie Saoudite, par plusieurs rites dont le moindre n’est pas le tour de la Kaaba, chaque famille musulmane essaie au gré de ses moyens de s’offrir le sacré animal, en l’espèce, l’accès à cet achat variant selon les pays, mais comporte un commun dénominateur de Dakar à Ouaga en passant par Niamey et Bamako c’est-à-dire, la morosité économique : son prix.

Au Sénégal, à chaque Aïd El Kebir, on a des moutons dont le coût donne le tournis : allant de 65 000 à 1 million de F CFA, soit 100 à 1 500 Euros. Qu’on soit à Dakar ou dans la ville sainte des Mourides Touba, bien sûr ceux qui ont les moyens peuvent se l’offrir et même les nantis, en payent une centaine pour cadeauter des amis marabouts ou politiques.

De même dans les supers marchés ou ceux populaires de Tilen, Gueule-Tapé ou Parcelles Assainies, la quantité de victuailles payée, oscille selon qu’on est riche ou pauvre, dans ce pays à 95% musulman.

Qu’on quitte le pays de la Teranga, pour atterrir à Ouagadougou, aux différents «marchés des moutons», et l’on se retrouve confronté aux mêmes réalités, même si au pays des hommes intègres, niveau de vie oblige, les prix sont à l’image des cordons de la bourse du Burkinabè : lorsqu’un mouton atteint même les 400 Euros (250 000 FCFA), il trouve rarement preneur, seules certaines personnalités et Crésus locaux se les offrent pour des… cadeaux de … prestige. L’insécurité au Soum et au Sahel en général n’est pas étrangère à cette cherté du ruminant à 4 pattes. En effet, ce sont ces zones (Djibo notamment) qui sont pourvoyeurs de moutons pour le Burkina et pays voisins. Or, même les transporteurs de bétail sont la cible des terroristes.

Mais cette fête de Aïd El Ada, aura été marquée certes par une frugalité, façon de parler, on mangera bien le mouton, le soda, et les boissons locales couleront à flots, bref, il y aura mangeailles et beuveries, mais, au Brukina, tout comme au Mali ou au Niger, elle aura été scarifiée par une relative tristesse, avec l’atmosphère sécuritaire qui bien qu’alternant entre embellies et estocades sanglantes, met les populations dans une constante appréhension mêlée de peur.

Attentats au Centre du Mali, pont explosé au Burkina ou populations tuées ou encore étincelles entre communautés si ce n’est un autodafé d’une mine telle celle de Youga au Burkina, qui a mis en congé technique des centaines de travailleurs. Et que dire de tous ces déplacés au Mali comme au Burkina où ils atteignent 250 000 ? Quid de cette fête à Kidal, à Gao  ou à Mopti ? Dans la peur !

On a donc fêté au Sahel la Tabaski, mais à bien des égards dans la sobriété, et surtout dans la crainte et l’interrogation pour l’avenir. Espérant qu’Allah mettra la tolérance dans les cœurs des uns et des autres. Même si on sait qu’Allah n’est pas obligé de se mêler des affaires des hommes.

LA REDACTION

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR