Tambouille mortelle entre pro-Abiy et pro-Jawar : L’Ethiopie tombe de Charybde en Scylla

Tambouille mortelle entre pro-Abiy et pro-Jawar : L’Ethiopie tombe de Charybde en Scylla

Pendant des décennies, Oromos et Tigréens se sont étripés et le monde entier a cru que le jour où ces 2 entités ethniques apprendront à partager le pouvoir politique, objet de ces reflux guerriers, l’Ethiopie retrouverait la paix, croyance renforcée avec l’arrivée du premier ministre Abiy Ahmed le 27 mars 2018.

Minoritaires, les Tigréens (6%) ont longtemps dirigé le pays de Hailé Selassé au détriment des Oromos, l’ethnie majoritaire.

Mais lorsque le Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF) a jeté son dévolu sur Abiy Ahmed, ci-devant leader de l’organisation démocratique des peuples Oromos (OPDO), jeune homme de 41 ans, formé aux Etats-Unis, et qui parle couramment l’oromo, l’amharique et le tigréen les 3 principales langues du pays, ses compatriotes s’étaient dit qu’il y avait enfin un début de paix dans ce pays.

Effectivement, le remplaçant de Hailé Mariam Desalegue promit une ouverture politique, qui se caractérisa, par le respect du quota genre dans le gouvernement (parité hommes-femmes) et une réforme de l’appareil sécuritaire, dont les miasmes hérités du Derg du négus rouge étaient encore prégnants.

Mais cette ascension de l’Oromo Abiy Ahmed avait un faiseur de roi : Jawar Mohamed, Oromo comme lui, qui fut l’artisan de la montée du désormais prix Nobel de la paix 2019.

A 33 ans, ce journaliste analyste politique, fondateur du réseau médiatique Oromia Média Network et qui a 2 millions de fans sur Facebook est le véritable artisan de la nomination d’Abiy comme premier ministre.

Depuis quelques semaines leurs relations se sont tendues jusqu’au mercredi 23 octobre jour où les premiers affrontements entre les partisans des 2 hommes, ont eu lieu, laissant 16 personnes sur le carreau. On dénombre 70 morts à la date d’hier 27 octobre.

Des maisons ont été incendiées, des personnes ont été tuées par balles. Les raisons de cette folie meurtrière ? Jawar indexe des velléités de dictature chez son ex-allié Abiy et certaines réformes de ce dernier ne sont pas du goût de l’icône des réseaux sociaux.

Pour Jawar, son ancien camarade a pris des attitudes pour intimider les Ethiopiens et ‘’l’intimidation est le début de la dictature’’.

Présent à Sotchi lors de ces récents graves évènements pour cause de sommet Russie-Afrique, Abiy Ahmed, sitôt rentré a tenu un discours rassérénant et rassembleur, sans aucune allusion à Jawar Mohamed ni un mot sur lui.

Cette posture suffira-t-elle pour calmer les ardeurs et en vérité les intentions du journaliste-faiseur et tombeur de roi, Jawar ? Car lors d’une sortie, ce dernier n’a pas exclu d’être candidat aux élections générales de mai. C’est une perspective potentiellement explosive, car une pareille option d’une telle personnalité qui a d’ailleurs été à la base de la chute de Hailé Mariam Desalegue, le prédécesseur d’Abiy et du choix de ce dernier porte les germes d’une tambouille aux conséquences incalculables.

Car cela signifie tout simplement, que rien ne va plus entre les Oromos, et cette introuvable unité est plus conflictogène que celle les ayant opposé aux Tigréens. Et que l’Ethiopie tombe de Charybde en Scylla. Jawar Mohamed veut-il être calife à l’avenir à la place du calife, ou fera-t-il la paix avec Abiy Ahmed ? Qui pour réconcilier ces deux hommes, sur les épaules desquels repose la quiétude en Ethiopie ? Quel rôle pour l’Eglise orthodoxe qui a trouvé les propos d’Abiy Ahmed inappropriés ?

Sam Chris

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