Tchad : Après la violente répression, l’arbitraire en marche !

Tchad : Après la violente répression, l’arbitraire en marche !

Il ne fait pas bon vivre pour les opposants au régime de la Transition tchadienne. Une semaine après le jeudi noir qui a vu officiellement une cinquantaine de Tchadiens passés de vie à trépas, lors des violentes manifestations  qui ont marqué cette journée, la chasse aux opposants se poursuit et l’arbitraire est en marche.

Selon les organisations de défense des Droits humains, dont la FIDH, ils sont des centaines à avoir été arrêtés en dehors de tout cadre légal par les «sicaires» du pouvoir de N’Djamena. Ces dénonciations sont de Dobian Assingar, représentant de la zone  CEMAC de la FIDH, qui indexe les excès des forces de sécurité accusées de briser des portails ou encore d’escalader des clôtures pour interpeller des supposés militants ou sympathisants du parti Les Transformateurs et du mouvement Wakit Tama. Pour ne rien arranger, poursuit-il, c’est à des heures indues que se font certaines arrestations. Et pour ne rien arranger, on ignore la destination vers laquelle sont conduites toutes ces personnes mises aux arrêts. C’est du reste, cet état de fait qui a conduit la FIDH a évoqué des déportations et à émettre l’hypothèse des camps de concentration dissimulés où sont parquées les personnes interpellées.

Comme il fallait s’y attendre, le démenti du gouvernement tchadien n’a pas tardé à se manifester. Par la voix de  son porte-parole, Aziz Mahamat Saleh, il a battu en brèche l’argumentaire du défenseur des Droits humains. Pour lui, il n’y a pas de raison que les «crimes du jeudi 20 octobre dernier restent impunis» et qu’il serait judicieux de laisser la justice mener les enquêtes afin de déterminer les responsabilités de ce massacre.

Ainsi donc, ce sont les responsables des tueries qui sont recherchés, dénichés de leur cachette et convoyés dans des endroits inconnus par la police. Il s’agit sans doute des militants du parti de Masra et de la société civile. Il faut donc leur faire rendre gorge, d’une manière ou d’une autre. Le ton avait été donné par le premier ministre Saleh Kebzabo appuyé vingt-quatre plus tard par le général Mahamat Déby lors de son discours martial et musclé du 24 qui avait fini par convaincre les plus réservés. Il n’y aura pas de quartiers pour l’opposant et ses militants qui ont osé et eu l’outrecuidance de braver l’interdiction de manifester et même menacer les assises de ce régime dynastique en gestation. Les forces répressives qui ont fait un usage excessif de leurs armes sur des manifestants aux mains nues ont encore des lendemains meilleurs devant elles. Et le mot d’ordre semble le démantèlement du parti «rebelle» mais aussi du mouvement Wakit Tama. Cette répression aveugle et barbare doublée d’arrestations arbitraires dignes d’une autre époque vont-elles venir à bout de la détermination des Tchadiens à lutter pour plus de démocratie et la justice ? Pas certain, car le chemin vers la liberté reste long et il va falloir maintenir cette flamme face aux actuels prédateurs et leurs nervis pour espérer y parvenir.

Davy Richard SEKONE

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