Tchad : échanges aigre-doux fratricides au sommet de l’Etat

Tchad : échanges aigre-doux fratricides au sommet de l’Etat

 

Que se passe –t-il entre les deux frères Déby au Tchad ? Le torchon brûle entre le général-président Mahamat Déby et son frère aîné exilé volontairement en Egypte depuis 10 ans. Par courrier aigre-doux, un euphémisme pour désigner la virulence des termes contenus dans les missives des deux frères.

Le Général Adam Idriss Deby, frère de l’actuel président du Tchad, et qui vit en exil en Egypte depuis plus de dix ans, s’en est ouvertement pris à Mahamat Déby. Dans une lettre qui circule sur les réseaux sociaux, il a décrit les épreuves qu’il vit depuis dix ans, entre solitude, amertume de l’exil et exclusion du clan familial. Il a dénoncé la gouvernance de son frère cadet, le président Mahamat Déby, et l’a accusé de faire sombrer le Tchad dans une crise sociale et économique, à travers son régime autoritaire. «Mahamat est devenu le chaos ! Et quel chaos ? Le chaos de la peur permanente et de la force prête à frapper quiconque ose contester la moindre part de son autorité» peut-on lire dans la lettre attribuée au Général Adam Idriss Déby.

Pour lui, Mahamat Déby est à l’origine de l’effondrement des institutions et de la paralysie économique du Tchad et il appelle à sa démission pure et simple. Mais ce dernier n’a pas hésité à lui répondre dans un communiqué publié par le groupe de média MRTV.

Réponse du berger à la bergère, pour le cadet, Mahamat Déby, les accusations de son ainé se justifient par la haine et la jalousie qu’il éprouve envers lui, depuis 10 ans. En effet, explique le président, leur défunt père l’avait nommé en 2014 à la tête de la garde présidentielle, alors que son frère ainé était chef d’état-major ; un poste inférieur. Adam Idriss Déby n’aurait donc pas supporté cela à cause de «son égo surdimensionné» d’où son départ. Pour Mahamat Déby, les accusations de son frère ne sont que des tentatives de déstabilisation, enracinées dans des rancunes personnelles.

Cette passe d’arme publique entre ces deux frères met à la lumière du jour les divisions au sein du clan Déby. Dans le fond, le conflit familial n’est pas qu’une simple querelle privée, il met en exergue les fractures plus larges au sein du pouvoir tchadien. La critique ouverte de son frère met en évidence les tensions qui existent dans un régime qui cherche à se légitimer mais qui peine à surmonter les héritages autoritaires du passé. Ce qui transparait de ce déballage public des querelles familiales pourrait perçu par certains comme un signe de fragilité du pouvoir en place. Désormais donc, le linge sale des héritiers Déby ne se lave plus en famille, mais sur la place publique.

 

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