Les fervents défenseurs de la limitation des mandats présidentiels et de l’alternance devront encore patienter pour voir leurs attentes combler. Idriss Déby Itno, le néo maréchal et président sortant vient d’être investi candidat par son parti pour aller à la conquête d’un sixième bail à la tête du Tchad qu’il dirige depuis 1990.
Agé de 68 ans, le maréchal Déby dont l’image à l’interne tranche avec la notoriété dont il bénéficie à l’international fait figure de grand favori. Si l’homme est perçu comme un dictateur par nombre de ses concitoyens réduits au silence par une police politique très active contre toute velléité ou mouvement de contestation, il reste un interlocuteur privilégié de la communauté internationale qui voit en lui un allié sûr dans la lutte contre les groupes terroristes qui écument le Sahel. Pour ces derniers, Idriss Déby reste celui qui œuvre en faveur de la stabilité de la région et son pays est considéré comme un ilot paisible (en dépit de quelques remous sociaux), logé dans un océan d’Etats faillis tels que la Libye, la République Centrafricaine mais aussi le Soudan.
Sous sa houlette, et auréolé de tous ces attributs, de «président guerrier», le Tchad s’est hissé au premier rang des armées les plus représentées dans la Mission multidimensionnelle des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). Considérés comme de redoutables guerriers au sein de la Force conjointe du G5 Sahel, (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad), les soldats tchadiens constituent le plus des troupes combattantes dans la région des trois frontières.
Face à lui, une coalition a vu le jour. Il s’agit d’un regroupement de douze partis dénommé Alliance victoire, parmi lesquels deux figures de proue de la classe politique, Mahamat Ahmat Alabo et Saleh Kedzabo. Malgré les failles du processus, cette coalition temporelle rêve de renverser le maréchal-président par les urnes le 11 avril prochain.
Que l’on ne s’y méprenne pas, cette élection comme les précédentes sera une simple formalité pour Idriss Déby et ses partisans. Ce n’est ni de l’irrespect ni du mépris, mais les stratégies mises en place par l’opposition n’y pourront rien. La réélection de l’enfant de Berdoba est déjà assurée car tout a été mis en œuvre pour que le président-sortant se succède à lui-même car c’est inscrit dans l’ordre des choses. Et ce n’est pas celui qui vient d’enfiler la tenue de maréchal qui va s’en priver même si une fois de plus il faut tordre le cou à la démocratie. C’est encore la preuve que les idéaux ne résistent absolument pas face au pragmatisme et la real politik.
La rédaction
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