Tebboune gracie 3 000 prisonniers en Algérie : A la recherche de l’impossible concorde populaire

Tebboune gracie 3 000 prisonniers en Algérie : A la recherche de l’impossible concorde populaire

Bien qu’élu avec 58% par la loi des isoloirs, Tebboune était lesté d’un gros boulet, qui s’appelle long compagnonnage avec Boutef, dont il fut un éphémère premier ministre de mai à juillet 2017. Déjà à l’époque, il avait voulu faire rendre gorge aux kleptocrates de la camaria bouteflikiste. Mal lui en a pris, mais le sobriquet de «Monsieur propre» lui est resté collé aux costumes.

Depuis hier, il n’y a pas que ce surnom qu’il portera, mais aussi celui de «président-réconciliateur». En effet, en libérant par décret 3 000 prisonniers dont les peines restantes oscillent entre 8 et 10 mois, Tebboune tente de dérider une Algérie, qui reste vent debout contre un système qui est pourri jusqu’à la moelle, et qui demeure aux manettes, malgré la mise sur touche du célèbre valétudinaire de la Station de Zeralda Bouteflika, et la mort de son ex-premier securocrate, le général Gaïd Salah.

Tebboune n’ignore pas qu’il est un président élu, mais pas accepté par les batteurs de macadam, les abonnés du vendredi, il n’est pas aussi l’homme de Hirak et s’il a été choisi, c’est parce que le système Boutef l’a voulu, et Gaïd Salah, s’est battu jusqu’à son dernier souffle pour qu’il grappille ce mandat suprême. Tebboune élu, Boutef est privé de son 5e mandat, cause de sa chute, mais il garde le pouvoir par procuration, à travers le maillage des rouages étatiques, legs de 20 ans de pouvoir absolu.

Libérer 3 000 prisonniers et espérer calmer cette rue-pétaudière, c’est se tromper lourdement, car les Algériens veulent une tabula rasa, des hommes neufs qui n’ont rien à avoir avec le régime de Bouteflika, ce qui est loin d’être le cas de Tebboune, bien que jadis serviteur zélé du FLN.

 Enfin, cette libéralité présidentielle ne toucherait pas les détenus politiques, ce qui ne peut pas décrisper une situation algérienne chauffée justement à cause de la chose politique. Jusqu’à présent, des généraux sont en prison, des proches de Bouteflika également, dont son frère cadet Saïd, et quelques leaders politiques.

Est-ce par petites touches, pour lever l’écrou de ces derniers par la suite ? Tebboune ira-t-il jusqu’à élargi ces détenus politiques pour une seconde concorde populaire ? Peu probable, car le premier grand pardon civil des années 2 000 est survenu après une guerre civile consécutive à une élection et à la victoire des islamistes du FIS.

 Le contexte est complètement chamboulé, et l’Algérie de 2020, en majorité jeune aspire à autres choses, et ne veut plus des vieux briscards de la politique qui se sont fossilisés au pouvoir, et qui ont bridé leur avenir. Si donc Tebboune est à la recherche d’une sorte de concorde civile, c’est mal barré, car à l’évidence, ce geste régalien ne calmera ni les ‘’vendredisards’’ ni Hirak. Le locataire du palais d’El Mouradia devra mieux se pourvoir, pour gouverner une Algérie rassérénée.

Sam Chris

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