Tebboune intime à la junte de Bamako de tenir fissa les élections : Le «Grand voisin» refuse d’être un comparse au Mali et au… Sahel !

Tebboune intime à la junte de Bamako de tenir fissa les élections : Le «Grand voisin» refuse d’être un comparse au Mali et au… Sahel !

 

 Face aux médias et aux concitoyens,  le président algérien Abdelmajid Tebboune s’est adressé aux autorités maliennes en leur disant de «retourner à la légalité». Autrement dit de rendre le pouvoir aux civils. L’Algérie donne une voix discordante sur la conduite de la Transition au mali, prenant à rebrousse-poil la junte, et la CEDEAO, puisqu’au sujet des élections, un modus vivendi a été trouvé, et le chronogramme est de 24 mois, ce qui avait fait lever du reste les sanctions de la CEDEAO.

«De quoi je me mêle» pourraient répondre le chef de l’Etat malien Assimi Goïta et ses collaborateurs. En effet, il est un sacro-saint principe dans les relations entre pays, de surcroit, un voisin d’éviter autant que faire se peut  de parler des questions domestiques de ce pays. Tebboune a dérogé à cette loi d’airain. Même la CEDEAO, qui s’en est mêlée a dû corseter le Mali de lourdes sanctions, avant qu’il ne daigne écouter ce genre de discours. A la vérité, cette injonction   du président algérien est en fait une posture constante du pays qui a toujours mal digéré la façon dont le dossier sécuritaire est géré au Mali. Une Algérie qui s’inscrit dans une ligne de fermeté et n’a jamais admis d’être tenue un peu à l’écart de ce brûlant dossier.

Pourquoi alors ruer maintenant dans les brancards, notamment sur les élections quand on sait qu’un timing est désormais arrêté ? Parce que la sourde rivalité Algérie-CEDEAO a refait surface ! Le «Grand voisin» comme on désigne l’Algérie au Mali accepte mal que sur la question sécuritaire, il n’y ait que d’autres pays qui sont sous les feux de la rampe. D’où cette demande aux allures d’ordre d’aller remettre le pouvoir au peuple comme le dit en substance Tebboune.

Et cet oukase est surtout adossé au contexte sécuritaire. Le demandeur qui est à la tête du «Grand voisin» a d’ailleurs corrélé la détérioration de la situation sécuritaire à cet état d’exception militaire. Et Tebboune d’exhiber l’Accord d’Alger quasi-comateux, qu’il croit pourtant réversible, à condition «qu’il y ait des élections, qu’on donne la parole au peuple».

Signé en 2015 entre l’Etat malien et les ex-rebelles de mauvaise grâce, et sous la supervision de la Communauté internationale, l’Accord d’Alger n’a jamais marché. Un Accord rendu végétatif selon les ex-rebelles de par la posture de l’actuelle Transition qui l’a mis sous éteignoir et qui a aggravé la situation sécuritaire au Mali.

En effet, malgré cet Accord, les patrouilles mixtes et la présence de l’Etat malien dans certaines régions sont  inexistantes. Pire, les escarmouches mortelles sont légions, comme celle de la veille de la sortie du président Tebboune à Ménaka où une attaque a fait plusieurs victimes. Quid de Kidal, localité emblématique où jusqu’à présent, c’est la CMA qui est toujours maîtresse, malgré l’entrée triomphale, il y a 3 ans d’une patrouille d’une armée malienne recomposée ? Kidal reste le no man’s land qui ne dit pas son nom ou l’Etat malien est invisible. Et que dire des attaques de Sévaré, du «mystère» de Morou, et évidemment de la dernière en date, l’estocade-kamikaze du casernement de Kati où loge Goïta ?

Refuser de jouer les seconds rôles, d’être un comparse, voilà cette sortie sous forme de piqûre de rappel que fait le chef de l’Etat algérien au Mali, et même au Sahel, si on fait une profonde lecture en creux des propos de Teboune.

Lorsque ce dernier parle de «logique de fabrique du terrorisme» à l’étranger, le doute n’est pas permis, il n’y a pas 1 000 pays étrangers au Mali et au Sahel. Et c’est bien de façon subtile que la France est désignée. Et s’il s’appesantit sur l’Accord d’Alger, c’est qu’il pense que son pays est une partie de la solution au Mali et au Sahel.

Remettre l’Accord d’Alger en selle et continuer à rappeler que le but ultime de toute transition militaire ou civile est de parvenir à des élections, voilà le message pas subliminal du tout du président Tebboune. Et surtout faire comprendre qu’il faut compter avec l’Algérie au Mali, c’est l’essence de cette sortie qui détonne. Les autorités maliennes n’ont pas aimé. Mais au moins sur le fond, Tebboune a raison sur un plan : qui va s’occuper de l’intégrité du territoire et maintenant avec le terrorisme, de la sécurité intérieure du Mali, si les militaires quittent leurs casernes pour s’installer sous les lambris dorés des palais présidentiels ?

La REDACTION

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR