Tendances présidentielle à Madagascar : Rajoelina ou l’impossible revanche de Ravalomanana ?

Tendances présidentielle à Madagascar : Rajoelina ou l’impossible revanche de Ravalomanana ?

A la veille de Noël, Andry Rajoelina était crédité de 55% des voix contre 45% pour Marc Ravalomanana. A moins que le père Noël malgache ne décide de lui faire un cadeau en lui faisant rattraper cet écart de plusieurs voix, l’ancien PDG de la Grande île donc pardon l’ancien président Ravalomanana est bien parti pour perdre une deuxième fois la face devant son adversaire (ennemi) juré de la classe politique de Madagascar. Quant à l’ancien maire d’Antanarivo, il est en passe d’opérer la prouesse de la confirmation devant un homme dont il avait quitté le fauteuil présidentiel au forceps. En effet sous réserve de la consolidation des résultats, dont déjà plus de 90% ont été dépouillés, le «TGV» malgache demeure irrattrapable par son challenger. Or que de volonté de revanche, que de désir de battre enfin ce quadra au visage poupin, un faciès trompeur, car ayant déjà appris très vite la politique, il est devenu un redoutable animal de cette race dans l’océan indien.

Car depuis 2009, Ravalomana voyait là une occasion de laver cet affront subi et sauver son honneur et sa dignité blessés depuis cette dégringolade du firmament du pouvoir aux décombres de la déchéance. Mais les Malgaches semblent en avoir décidé autrement. Va-t-on vers une réelle alternance au pouvoir à Madagascar, décidée par les urnes, sans triche, sans effet de manches et autres abracadabrantesques magies dont seuls sont capables quelques hommes politiques africains lorsqu’il s’agit de forcer les isoloirs à porter des faux vainqueurs à la tête des pays ? On l’espère.

En attendant, l’ancien chef d’Etat n’est pas de cet avis. Il croit dur comme fer, que l’élection n’a pas été transparente et que le diable de la fraude y a bien fourré son nez, mélangeant et torpillant (évidemment, si non qui d’autre ?) de se faire élire et retrouver ce confortable siège qu’il convoite avec rage, depuis qu’il en a été éjecté à son corps défendant. Mais n’est-il pas justement obnubilé par la jalousie, la frustration et la colère d’avoir perdu à nouveau et une seconde fois et (peut-être pour toujours ?) son duel face à Rajoelina et que les Malgaches aient décidé d’essayer de faire du neuf avec ce «vieux» là, plutôt qu’avec lui ? Répondre par l’affirmative ne serait pas faire preuve d’effronterie. Il faut surtout supposer que ces fraudes dénoncées par Ravalomanana, ne soient pas d’une telle ampleur qu’elles auraient effectivement incliné les résultats. Car en ce moment-là, les démons de 2009, risquent de sortir de leur sommeil de lièvre, pour soulever des foules pour les Malgaches.

Mais rien n’est pas encore définitivement décidé. Puisqu’il faut attendre le 27 décembre pour être fixé, une bonne fois pour toutes, sous inventaire de la décision de l’instance électorale suprême. Il reste toutefois, des risques que les choses dégénèrent. Comme il fallait s’y attendre, le futur perdant s’est déjà réfugié derrière ses fidèles militants, les appelant à se mettre debout contre la bourrasque de la victoire de Rajoelina et avouant du même coup, sa défaite. Ses partisans vont-ils l’écouter ? La surenchère se limitera-t-elle là ?

Il est souhaitable que tous les dieux de la Grande île se dressent pour leur conseiller de ne pas écouter le frustré aspirant au pouvoir à condition que le vote soit transparent. Il est plus que temps d’enterrer sous les plaques tectoniques de ce morceau de l’Afrique, les anciennes et croulantes querelles qui, comme des champignons vénéneux, empoisonnent les veines des Malgache depuis de nombreuses années. L’heure est venue de taire les vociférations des envies individualistes et égoïstes pour se concentrer sur les voies et moyens à mettre en œuvre pour déblayer les décombres et y asseoir les bases du nouveau Madagascar. Si la CENI venait à confirmer sa victoire, Andry Rajoelina a désormais la double charge d’éteindre le feu qui couve entre lui et son adversaire et larguer les amarres qui retiennent la Grande île aux berges de la pauvreté et du sous-développement.

Ahmed BAMBARA

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