Entre le pays des mille collines, et son géant voisin de continent, la RDC, les relations ont toujours eu mal à la frontière de par l’activité débridée et meurtrière d’une myriade de rebellions, plus ou moins contrôlées de part et d’autres des 2 lignes géographiques qui tiennent de frontière.
Sporadiquement, ces reflux rebelles vieux de 20 ans provoquent des étincelles entre Kinshasa et Kigali tel que ces derniers jours où la capture par la RDC de 2 militaires rwandais ce samedi 28 mai par des villageois-rebelles de Bihuma a exacerbé les ardeurs belliqueuses recuites. Un incident gravissime qui exhume en lame de fond, la question des rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) soutenu par le Rwanda. Pour Kin, pas de doute, Kigali soutient à bras le corps le M23, qui serait des Tutsis congolais.
Faux rétorque le Rwanda qui pointe à son tour un kidnapping de ces 2 soldats par des forces congolaises et des FDLR, lesquelles FDLR seraient donc les pendants du M23 de l’autre côté de la frontière. Jusqu’à ce dimanche 29 mai, les combats ont fait rage dans le Nord-Goma, dans l’entité territoriale de Rutshuru à la frontière rwando-congolaise. Puis, c’est une paix précaire qui survient.
Qu’est-ce qui a bien provoqué ce regain de bataille ces derniers jours entre la RDC et le Rwanda par rebellions interposées ? Car on se rappelle que depuis octobre 2019, des leaders de ce M23, sous la facilitation du Rwanda, ont pris langue avec la RDC, pour des questions d’amnistie et d’intégration politique et militaire de leurs éléments. Ce qui avait d’ailleurs, provoqué l’ire du FCC, le parti de l’époque qui a crié à une pactisation avec des rebelles.
Aujourd’hui, c’est entre le palais de la Nation (RDC) et Urugwiro-village (Rwanda) que le téléphone grésille, au sujet de ce «tu me tiens, je te tiens par la barbichette, pardon par la rébellion» !
Un accès belliciste qui s’est d’ailleurs invité au sommet extraordinaire de l’UA de ce week-end, qui s’est achevé à Malabo, car le président Macky Sall est en contact permanent avec ses deux homologues de la RDC et du Rwanda, de même qu’une diplomatie se déploie, à travers Aissata Tall Sall, la cheffe des Affaires étrangères sénégalaises, laquelle avec ses 2 collègues suit ce dossier qui «peut déraper», concède-t-elle. Ce qui n’est pas exagéré car, Vincent Biruta, le ministre rwandais des Affaires étrangères parle même d’intelligence entre l’armée congolaise et les FDLR, alors que son homologue congolais affirme que le M23 est purement domestique. Ambiance.
Croulant déjà sous le poids de patates chaudes que sont les catastrophes humanitaires, les coups d’Etat et le terrorisme, l’UA n’a vraiment pas besoin d’un embrasement de l’Afrique centrale et des Grands-Lacs. En effet, du côté du fleuve Congo, à Kin, d’aucuns sont convaincus que c’est par les rebellions scissipares, c’est-à-dire que se démultiplient rapidement, c’est par ces rebelles donc que le petit mais puissant Rwanda exploite les immenses richesses de la RD Congo, un scandale géologique, qui ne profiterait pas aux Congolais, lesquels dirigeants ont donc levé des rébellions pour contre cette guerre de rapines menée par le Rwanda. Une rengaine que rejette en bloc le Bonaparte de 1994, Paul Kagame.
On ose espérer néanmoins que l’armistice de dimanche 29 mai pour ne pas dire la paix fourrée, qui a cours se transforme en paix pérenne pour ces populations riveraines, devenues souffre-douleurs, d’enjeux politiques et économiques.
La REDACTION
COMMENTAIRES