Terrorisme tout azimut au Burkina : Fusils hors des râteliers et diplomatie souterraine

Terrorisme tout azimut au Burkina : Fusils hors des râteliers et diplomatie souterraine

Partisans d’une lecture littérale de Sun Tzu, s’abstenir ! L’art de la guerre asymétrique de l’époque contemporaine a bouleversé les stratégies.

En limogeant le 24 janvier dernier lors d’un remaniement de guerre, les ministres chargés selon le livre de Michel Foucoult «de surveiller et de punir» en l’occurrence, ceux de la défense et de la sécurité, Roch Kaboré a fait un réaménagement que bon nombre de Burkinabè jugeaient utile et salutaire, car les congédiés étaient taxés à tort ou à raison, de flotter dans leurs habits de premiers sécurocrates du Burkina.

Une semaine avant à Toéni, dix (10) gendarmes tombaient sous des balles terroristes, en début janvier à Yirgou, se déroulait un mini-pogrom sans compter les tueries de Gasseleki, des évènements gravissimes, derniers en date qui ont justifié l’entrée dans le nouveau gouvernement de Dabiré I, de Chériff Sy et de Ousséni Compaoré, respectivement ministres de la défense et celui de la sécurité.

Hélas, si les terroristes auraient voulu souhaiter une bienvenue sanglante aux deux impétrants gouvernementaux par le massacre de dix (10) personnes à Sikiri et le lendemain de quatre (4) soldats à Nassoumbou qu’ils n’auraient pas usé de méthode plus idoine. En effet, ce dimanche 27 janvier alors que les étals et populations du marché de Sikiri dans la province du Soum étaient bondées, soudain l’enfer : des individus juchés sur des taxi-motos faisaient irruption et tiraient comme sur des lapins : dix (10) personnes étalées dont un imam décapité.

Hier 28 janvier, ils remettaient une autre équipée sanglante dans un casernement de Nassoumbou toujours dans le Soum. Après un combat sans merci d’une heure les attaquants se rendaient maîtres des lieux et après razzias et autodafés emportaient tout ce qui pouvait l’être.

Nassoumbou devient le souffre-douleur des djihadistes tombeau pour une vingtaine de militaires puisque douze (12) des leurs avaient été suppliciés le 16 décembre 2016.

Depuis plus d’un an maintenant, il ne se passe plus un jour sans que des soldats, gendarmes, policiers, chef religieux ou de village n’aient la peau trouée de balles ou sautent sur des mines artisanales. Si quelques rares attaques sont revendiquées, la plupart est muette, gratuite sans motivation apparente.

Au Mali, les hommes bleus, les Touaregs exigent le territoire de l’Azawad.

Mais au Burkina, que veulent ceux qui canardent les populations ?

le gîte et le couvert et la possibilité de faire des affaires comme sous Blaise Compaoré comme le laissent entendre certains ?

Au fait, qui sont ceux qui tirent sur les FDS et les populations ?

ont-ils des liens avec des militaires en rupture de ban, avec le Burkina, sinon avec le pouvoir déchu ?

La réponse face à des ennemis qui attaquent, c’est la riposte et le gouvernement, se démène comme un beau diable pour sauver les meubles. Pas question de laisser les fusils aux râteliers, il faut poursuivre la guerre contre ces ennemis invisibles. Mais, au stade actuel au Burkina, il faut privilégier également, la diplomatie souterraine. C’est une recette à essayer au lieu de godiller toujours entre fermeté inefficace, naïveté et résignation.

IL FAUT NEGOCIER, hors caméras, hors micro et même hors les circuits traditionnels de la diplomatie !

Qu’est-ce que Blaise Compaoré faisait pour que le Burkina Faso, soit préservé de cette guerre asymétrique ? «Il avait vendu le pays» répondent cyniquement certains. Pourtant ce monsieur a commis des erreurs, mais dans ce domaine-là, était loin d’être idiot !

Qu’on se comprenne bien : il n’est pas question de compromissions, ni «de vendre le Burkina» à l’encan, ni de faire du Burkina, le terreau de trafics illicites. Encore que l’expression «vendre le Burkina Faso» est discutable, car, quand bien même Roch Kaboré aurait voulu faire comme Blaise, il en serait incapable, car le Burkina Faso de 2019, n’est plus celui du temps de Blaise. Quand on négocie, on finit toujours par s’entendre. Qu’est-ce que chacun mettra sur la table ? Tout cela reste à discuter.

Un président de la République est comme un chef de famille : il fait ce qui est humainement possible, pour que la marmite boue, les enfants aillent à l’école, soient soignés, aient un lieu pour dormir, bref la quiétude. Idem pour le président du Faso, qui est le papa des dix-neuf (19) millions de Burkinabè.

Roch doit mettre en branle cette chorégraphie du dialogue parallèle pour éteindre ce feu qui brûle le septentrion burkinabè, a gagné l’Est et se propage dans d’autres régions. Sans pour autant arrêter d’armer les troupes et étoffer le renseignement.

Le Tchad connaît les mêmes attaques, mais très souvent, ses guerriers assènent des coups durs aux assaillants. La Mauritanie bien que très exposée, territorialement avec un grand désert sablonneux, a résolu le problème du terrorisme, par la canonnière, mais aussi par cette diplomatie de pénombre. Pas d’acte djihadiste depuis onze (11) ans, à telle enseigne que le train du désert mauritanien a recommencé à siffler avec des touristes blancs.

Au Burkina Faso, avec toujours le même mode opératoire, les FDS sont décimées !

Négocier, n’est ni un signe de faiblesse, ni imérité, ni une compromission, mais entre un accord à minima et ces macchabées qu’on ramasse chaque jour, le choix, ne se discute guère.

Et un président peut et doit pouvoir identifier le fil d’Ariane à suivre pour toucher qui de droit pour pacifier un temps soit peu son pays et pouvoir réaliser tranquillement son programme. Même des pays très développés usent de ce subterfuge diplomatique pour souffler !

Il va falloir que les partisans du «Tout Guerre» rélisent Sun Tzu (actualisé), même si en l’espèce, il s’agit d’une guerre asymétrique. C’est ça ou une guerre éreintante, qui plombera le Burkina Faso pour des années.

Sam Chris

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