‘’Ticket gagnant’’ Tshisekedi-Kamerhe en RDC : C’est toujours mal barré pour l’alternance

‘’Ticket gagnant’’ Tshisekedi-Kamerhe en RDC : C’est toujours mal barré pour l’alternance

C’était donc ça ! Après des contorsions langagières, le refus des militants invoqué, et moult autres raisons toutes aussi spécieuses les unes que les autres, le duo qui a fait volte-face sur l’Accord de Genève a fait tomber bas les masques : pas question de s’aligner derrière Martin Fayulu, pour être calife alors qu’un deux peut l’être ! On comprend maintenant pourquoi l’Accord de Genève a vécu la vie d’un feu de paille. L’aggiornamento de la ville helvétique fut de l’avis de Tshisekedi «un piège», car les deux «déserteurs» se lâchent, en évoquant le fait qu’en fait de Fayulu, «ce sont Jean-Pierre Bemba, et Moïse Katumbi» qui signent leur retour via le leader de l’écidé !

Revoilà l’inimitié rédhibitoire qui refait surface, entre l’UDPS et le MLC et Cie. Revoilà l’opposition qui montre son vrai visage, craquelé, incapable de s’unir, même pour une noble cause telle que l’avènement d’une alternance. Et le ‘’ticket gagnant’’ le désormais slogan politique de ‘’Tchachi’’ et VK de dérouler son discours-programme, sur deux quinquennats, avec alternance pour le poste suprême et la primature et le partage des strapontins ministériels. Le scénario Poutine Medvedev a fait des émules en RDC.

Quoi qu’il en soit, il faut noter que ce parchemin, tout comme le précédent, a été signé hors des frontières de la RDC. L’un à Genève et l’autre à Nairobi. On se demande d’ailleurs pourquoi les candidats de l’opposition éprouvent le besoin d’aller sceller leur pacte et autre entente loin des chaumières du pays de Laurent Désiré Kabila. Craignent-ils que des sorcières ne viennent déjouer leurs plans ? L’épisode de Genève ne donne pas beaucoup de crédit à cette probable explication. Et il faut du reste attendre de voir jusqu’où ira ce partage virtuel et ambitieusement anticipé du pouvoir par Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi. Dans cet immense pays où chaque leader politique a son fief, seule une mise en commun des différentes forces politiques, pouvait prétendre contre la machine à gagner du FCC présidentiel. Or le 23 décembre, on assistera au mieux à des bastions qui vont s’annihiler ou au pire se combattre par opposant interposé : le Sud-Kivu, l’Equateur, et surtout Kinshasa par exemple avec ces deux camps de l’opposition ne feront que le jeu du pouvoir.

Ensuite, avec cette histoire de machine à voter qui lézarde cette opposition, avec le duo Tshisekedi-Kamerhe qui s’en accommode, alors que le ‘’bloc des 5’’ de Lamuka, les rejettent, cela ne présage rien de bon ! Enfin, aux élections passées, la même opposition a déjà tenté ce désordre de bataille avec les résultats qu’on connaît. Pourquoi bonnes gens pour ce 23 décembre, ne pas essayer la candidature unique ?

L’accord résistera-t-il aux secousses de la campagne électorale ? Ira-t-il au-delà d’un éventuel second tour ? Et s’il réussit la prouesse de garder ses boulons bien vissés, y a-t-il assez de garde-fous solides et tenaces pour constituer un rempart crédible contre l’usure du pouvoir ? On a vu dans pleins d’exemples des paroles données avec la vigueur de l’acier prendre les propriétés d’une planche d’éponge au contact de l’eau.

En attendant, il est évident que c’est Emmanuel Ramazani Shadary qui se frotte les mains de plaisir et qui rit sous cape. Les Congolais devraient idéalement avoir à faire le choix entre le candidat de Kabila et celui de l’opposition unie. Le 23 décembre 2018, ils auront finalement à choisir entre un candidat de la présidence et plusieurs candidats de l’opposition qui ne savent pas respecter leur parole et qui sont incapables de parler d’une seule voix pour vaincre celui contre qui pourtant, depuis plusieurs années, leurs invectives ont trouvé le chemin de l’union. Car à cette course pour le mandat suprême, les militants de l’opposition sont écartelés entre l’Accord de Genève du 11 novembre, et celui de Nairobi du 23 novembre, et entre les deux, un embrouillamini politique, car difficile de lire dans cette météo politique qui n’est ni hivernage, ni saison sèche.

Au contraire de l’archevêché de Kinshasa, qui a connu son alternance hier dans le grand stade des Martyrs, avec le passage d’un office religieux de la mitre entre Mgr Laurent Monsengo et Mgr Fridolin Ambongo, un Mgr Monsengo, qui fut le père de la conférence nationale des années 90, à l’opposé de cette mobilité ecclésiale donc, l’alternance politique en RDC demeure avec cette scissiparité des opposants, un gros albatros qui se trainera toujours au sol, incapable de prendre son envol. Dommage pour le peuple congolais !

Ahmed BAMBARA

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR