C’est un secret de polichinelle. La Russie lorgne l’Afrique. Le continent africain est dans la lunette de visée du sniper Poutine et il compte bien implanter ses pénates dans un territoire où son pays n’a pas toujours été bien loti.
Du reste, quelle puissance de cette planète n’a-t-elle pas des visées sur ce concentré de potentialités économiques, géographiques et géostratégiques ? Peu ou presque pas du tout ! Alors, on ne peut en vouloir à la «grande» Russie, dont la voix compte dans les rouages de la conduite du monde, d’avoir des prétentions de présence tant militaire, politique qu’économique !
Elle a déjà ses pieds posés en Centrafrique avec les fameux dits «mercenaires russes» qui s’apparentent plus à une armée russe qui ne dit pas son nom et qui travaille à asseoir les intérêts russes dans un «pré-carré» où la France est en train de perdre pied, si ce n’est déjà totalement le cas. Des odeurs de godasses russes se font aussi sentir du côté du palais de Koulouba au Mali, même si elles ne sont pas formellement identifiées et restent toujours dans les tiroirs des supputations et des murmures sous les boubous.
Et voilà maintenant le Tchad où on parle d’une dizaine de «touristes russes» qui se baladaient tranquillement dans un «Sahara tchadien» potentiellement dangereux parce que contenant des repaires où pullulent rebelles, terroristes et autres brigands de tout poil pas pour le moins catholiques. La légitime question qu’on est alors en droit de se poser, et c’est de bonne guerre d’ailleurs que les autorités tchadiennes se la posent, c’est qu’est-ce que ces touristes sont bien allés chercher dans cet endroit où l’horloge du tourisme n’est pas forcément à l’heure !
Que faisaient-ils là ? Quelle antiquité et attraction touristique de la plus haute valeur pourrait les y amener ? A quitter le Cameroun pour s’aventurer aussi loin et en 4×4 ? Evidemment, les soupçons et les têtes ne peuvent se tourner que vers des questionnements qui caressent du doigt l’espionnage, la mission de reconnaissance ou toute visée, mais totalement dépouillée du caractère ludique pour s’habiller avec des vêtements extrêmement militaires !
Ce serait alors de bonne guerre ! La Centrafrique est frontalière avec le Tchad. La RCA a maille à partir avec des rebelles qui ont trouvé comme zone de repli le pays des Déby. On se souviendra de cette incursion et de cette tuerie de soldats tchadiens par les soldats centrafricains et qui a failli tourner au vinaigre diplomatique entre les deux pays. Est-ce une poursuite de cette action pour tenter de localiser les zones de refuge des potentiels ennemis de la RCA ou est-ce une prospection en vue d’une potentielle collaboration avec le nouveau pouvoir tchadien ? Autant de questions qui sont intéressantes dans ce tournant de l’histoire de l’Afrique où les certitudes séculaires sont en train de vaciller et où les pays africains apprennent et commencent à goûter à la possibilité d’avoir un multiple choix dans un catalogue de puissances économiques, politiques et militaires à qui il faut se rallier.
Sans doute, cette donne ne fait pas plaisir à tout le monde. Mais il est peut-être de revoir les racines et les bases des relations avec l’Afrique et les pays africains. La nature a horreur du vide. Et pour paraphraser, on pourrait dire aussi que la coopération a horreur du non opérant
Ahmed BAMBARA
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