Rome, Berlin, Paris, Fayez Al Sarraj s’est transformé en ce début de semaine, en globe-trotter, question d’aller quêter assistance aux têtes de proue de la Communauté internationale.
Conté, Merkel puis Macron auront-ils une oreille attentive à celui qui tient la Libye «officielle ?». On peut en douter, vu que les curseurs internationaux tournent vers son ennemi juré Haftar.
Le Pape. Les dirigeants européens. Fayez Al-Saraj rencontre le maximum de personnes qui peuvent brider la rage conquérante de Khalifa Haftar. Car celle-ci fait feu de tout bois et veut absolument conquérir Tripoli.
Mais le «président» de l’autre Libye aura-t-il gain de cause ? Pas certain. Les têtes se hocheront avec respect. La courtoisie diplomatique recommande de ne pas frustrer son interlocuteur. Surtout lorsqu’il est aux abois et a le couteau de son frère ennemi sur la gorge.
On savait que les mouvements corporels de la communauté internationale étaient fortement motivés par les intérêts des composantes de cette communauté. Des intérêts politiques, géostratégiques, économiques et des intérêts tout aussi inavouables. Mais les composantes prenaient le plus souvent le soin de mettre un vernis sur leur attitude, histoire de ne pas trop dévoiler leurs appétences, leurs appétits et convoitises.
Pendant le «procès» contre Mouammar Khadafi, ces intérêts s’étaient dévoilés au grand jour. Le masque de la communauté internationale justicière, militante du juste, défenseur de la justice, héroïne du bien et du bienfait est tombé pour laisser voir la face pas très appétissante de la cupidité dictée par les pulsions du pétrole.
Quelques années plus tard, cette même carapace de justifier se brise en mille morceaux face aux intérêts en jeu de la même Libye. C’est la communauté internationale qui a conseillé, soutenu, encouragé et porté presque à bout de bras Fayez Al-Saraj. Ce sont aujourd’hui les mêmes qui confirment qu’ils soutenaient aussi, sinon surtout, le Maréchal Khalifa Haftar. Le voile des intérêts s’est penché dans la direction où souffle le vent du pétrole. Cette manne noire n’a pas encore cessé de faire ses malheurs, ses malheureux et ses désabusés comme Fayez Al-Saraj.
Mais pas seulement. Les Etats européens luttent aussi pour préserver leurs frontières de «l’invasion migratoire». Elle est perçue comme un fléau par ces pays qui luttent pour maintenir à flots leur économie prise dans la bourrasque de la morsure de la crise économique. Il leur faut donc un dirigeant fiable, assez fort et qui pourra vite leur assurer le minimum de sécurité.
Quitte à fermer les yeux contre les agressions du Maréchal Khalifa contre Tripoli. Quitte à ne pas voir le presque millier de morts sous les décombres de Tripoli en moins d’un mois d’affrontements. Quitte à raccompagner Fayez Al-Saraj à l’aéroport, avec des formules poliment diplomatiques. Mais sans réelle portée.
Ahmed BAMBARA
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