Soixante-douze heures, c’est le délai que se sont données les Forces vives du Mali pour se mettre d’accord sur les contours de la Transition qui devra diriger le pays les douze prochains mois.
Ces concertations qui s’ouvrent dans une ambiance de méfiance caractérisée par des tensions entre les membres du Mouvement du 5 juin et la junte militaire, devront accoucher d’une équipe qui aura la charge de conduire le processus de transition. Il s’agit de trouver les deux têtes de cette transition dans un bref délai (le 15 septembre prochain) comme l’a suggéré le dernier sommet des chefs d’Etat de la CEDEAO tenu à Niamey le 7 septembre dernier. Le temps est donc compté pour les différentes parties pour trouver un compromis sur les figures qui seront désignées pour la conduite des affaires du pays de Mobido Keïta.
A y voir de près, il s’agit d’une mission difficile pour les participants à ces concertations. D’ores et déjà, les images des travaux qu’abrite la Salle plénière du Centre international de conférence de Bamako ne permettent pas d’espérer des résultats probants. Comment trouver ces deux moutons à cinq pattes dans ce Mali profondément divisé, et balloté par plusieurs années de crise structurelle et multi dimensionnelle ?
Pour certains, l’espoir de voir les Maliens sortir le grand jeu en mettant de côté leur fierté et leur orgueil pour faire place à l’intérêt supérieur de la nation reste vivace. Pour d’autres, on s’achemine vers un échec programmé vu que la junte militaire n’entend pas se faire ravir la vedette dans ce que sera le schéma de cette transition, d’où les multiples couacs et contradictions avec les autres protagonistes. A cela, vient se greffer, l’absence remarquée de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) qui ne participe pas aux concertations. Selon plusieurs sources, ce mouvement, (acteur important du processus de paix) s’est senti blessé dans son amour propre pour n’avoir pas été associé à des entretiens préalables avec la junte avant ces larges concertations. Pour cette raison, la place réservée aux ex-rebelles était vide lors de la cérémonie d’ouverture.
En attendant donc les conclusions de ces concertations et dans l’espoir de voir les différents acteurs privilégier le pays aux intérêts personnels, l’urgence commande à la junte de faire preuve de grandeur en lâchant du lest. Le colonel Goïta et sa bande, restés jusque-là, stoïques face aux menaces et sanctions de la CEDEAO et de la Communauté internationale, gagneraient à se mettre au-dessus du lot pour donner une chance à l’avènement d’une transition civile. C’est en cela, que le coup de force qu’ils ont conduit après plusieurs semaines de contestation conduite par le M5 aurait sa raison d’être. Il s’agit en effet d’un défi qui fera mentir le club des chefs d’Etat de la CEDEAO anti-putsch, qui s’est inscrite dans une posture de va-t-en-guerre depuis la chute de leur homologue IBK.
Du reste, un sommet placé sous la présidence du Ghanéen Akufo-Addo se tiendra ce lundi 14 septembre 2020, veille de la date butoir à Accra pour se pencher sur la situation qui prévaut au Mali .
W. Richard Marie Davy SEKONE
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