24 civils massacrés au Sahel en ce 16 février 2020 à Pansi qui a été ainsi ensanglanté. Tout comme :
– Lamdamol le 1er février, où 18 Burkinabè ont été occis
– Nagraogo et Alamou le 20 janvier où 36 civils ont été tués
– Mantchangou où trois Burkinabè ont été tués
– Sebba où le 11 février 2020, un pasteur et quatre personnes enlevés ont été trucidés.
Près d’une centaine de Burkinabè ont ainsi perdu la vie depuis le début de l’année 2020. Des civils. La population paye donc un lourd tribut à cette guerre qui s’abat sur le Burkina comme une pluie satanique. Est-ce du terrorisme ? Des guérillas intercommunautaires ?
Le premier principe est certes rempli. Le terroriste a pour objectif de semer la terreur. Et cet objectif est pratiquement rempli. Près d’un demi-million de Burkinabè ont fui leurs terres pour se réfugier loin de leur domicile, abandonnant tout dans leur hâte. Le Nord, le Centre-Nord et le Sahel sont devenus quasi-invivables.
Mais le terroriste a aussi pour principe de se faire voir. De se faire savoir. De se signaler. De montrer que c’est lui qui agit. Que ce soit l’Etat islamique au Grand Sahara d’Al-Saharaoui ou le GSIM de Iyad Ag Ghaly, leurs actes ont toujours été revendiqués. Les actions portent une signature qui est agitée ostensiblement à qui veut la voir et l’entendre. Et les raisons sont aussi expliquées. Le Burkina est attaqué parce qu’il soutient la France ou soutient les Occidentaux. Ou parce qu’ils veulent installer des katibas.
Or, ces massacres de civils ne sont pour le moment pas revendiqués. On ne sait pas qui commet ces atrocités, ces assassinats en masse et qui, le plus souvent, ciblent des hommes de Dieu, n’épargnant ni l’un ni l’autre bord religieux du Coran ou de la Bible ou encore des chefs coutumiers. Autre élément, lorsque ces hommes infernaux viennent faire entendre le bruit strident et glaçant de leurs armes, ils n’expriment pas ce qu’ils veulent, si ce n’est aux populations de quitter leurs habitations ou de ne plus emprunter telle ou telle voie.
Alors, qui sont-ils ? Que veulent-ils ? A ces questions, les réponses ne sont pas clairement données. Même les autorités militaires ou politiques ne dissertent pas avec assurance sur les identités et les envies de ces semeurs de mort. Le ministre de la Sécurité Ousséni Compaoré avait expliqué qu’il y avait du tout dans le domaine de définition dans la horde de destructeurs de vie qui écumaient les différentes régions endolories du Burkina. Des trafiquants de drogue, des délinquants, des terroristes qui se revendiquent djihadistes. Mais cette explication ne couvre pas les appréhensions et ne répond pas à tous les points d’interrogations qui taraudent de nombreux Burkinabè.
Ou alors, s’agit-il d’obscurs règlements de comptes, de crises latentes et insoupçonnées entre communautés ? Ou y a-t-il d’autres causes ? Il ne faut pas avoir peur des mots. Est-ce une rébellion qui mijote dans le giron du Burkina Faso ? Qui en sont les auteurs ? Quelles sont leurs ambitions ?
En l’état actuel des choses, des massacres et du déluge qui pleut sur le «Pays des Hommes intègres», aucune hypothèse n’est à exclure désormais. Et il est crucial de connaître de quoi on souffre afin de trouver le remède efficace. Il urge de savoir qui attaque le Burkina. Et pourquoi. Il urge !
Ahmed BAMBARA
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