Tueries de Duékoué: le grand déballage de  Amadé Ouérémi

Tueries de Duékoué: le grand déballage de  Amadé Ouérémi

Sa comparution lève le voile sur une page sombre de l’histoire récente de la Côte d’Ivoire. Depuis le mercredi 24 mars 2021, le redoutable chef de guerre et homme fort du Mont Péko, Amadé Ouérémi est à la barre du Tribunal criminel d’Abidjan. Considéré comme la terreur de l’Ouest ivoirien, 20 chefs d’accusations dont celui de « massacre des populations Wê et Guérés lors de la crise post-électorale en mars 2011 à Duékoué sont retenus contre lui.

Au premier jour de sa comparution, Amadé Ouérémi révélait que c’est le Commandant Fofana Losseni dit Loss qui a donné l’ordre de chasser les miliciens à Duekoué.

«J’étais à Bagouo le 27 mars 2011. C’est le Commandant Fofana Losseni dit Loss qui a donné l’ordre de chasser les miliciens de Duekoué. Moi, j’étais un rebelle aux ordres du chef de guerre Coulibaly. C’est lui qui m’a fourni des armes et des treillis militaires», a-t-il indiqué.

Interrogé successivement par le Président d’audience, le Procureur et sa défense sur ces faits déroulés à Duékoué les 28 et 29 mars 2011, Amadé Ourémi a nié́ avoir participé́ aux massacres qui y ont eu lieu. «Moi j’étais malade et je ne faisais que mettre les munitions dans les chargeurs des armes dans le village de Blodi. C’est après la libération de Duekoué que je suis entré dans la ville. Les vrais dozos étaient nombreux ce jour-là. Ce sont les dozos qui ont tué les gens. Ce n’est pas parce que c’est mélangé qu’ils vont mettre tout sur moi. Dieu même sait que je n’ai pas fait ça moi seul. Je n’avais pas d’hommes sous mes ordres. Je n’ai pas tué de Guéré», s’est-il défendu.

Il a toutefois reconnu avoir constaté un grand nombre de corps jonchant le quartier Carrefour de Duékoué à son arrivée le lendemain à 16h. Selon la Croix-Rouge, elles étaient plus de 800 victimes abattues sommairement, composées majoritairement d’hommes (vieillards et jeunes).

Des faits confirmés par Amadé Ouérémi, arrêté le 18 mai 2013 alors qu’il régnait depuis déjà̀ 10 ans sur la forêt classée du Mont Peko, mais nie en bloc, sa responsabilité directe dans cette affaire, pointant plutôt du doigt celle des chefs militaires de la rébellion de l’Ouest du pays.

Amadé Ourémi est poursuivi pour vingt-quatre chefs d’accusation qui sont à sa charge, notamment des faits «de crimes de guerre, génocide, meurtre, viols, enrôlement forcé, violence et voie de faits sur les mineurs, engagement de troupes armées, fourniture d’armes, coups et blessures volontaires, complot, attentat contre l’Autorité de l’Etat, vol en réunion, soustraction frauduleuse de biens, extorsion de fonds, pillages, dégâts, dommages de marchandises, etc.».

Le nom de Fofana Losseni, alors commandant de la zone de l’Ouest, a amplement été cité par l’accusé lors de cette audience. Interrogée s’il y a possibilité que ce dernier soit appelé à la barre pour faire la lumière sur certains points, Roseline Aka Sérikpa, avocate d’Amadé Ouérémi, a répondu par l’affirmative. «Pour la nécessité de l’éclatement de la vérité, s’il y a nécessité que ces personnes comparaissent, nous en jugerons», a-t-elle laissé entendre.

Ce grand déballage  du chef rebelle devant le tribunal criminel d’Abidjan, rebat les cartes pour situer les responsabilités de la rébellion ivoirienne déclenchée le 19 septembre 2002 sous la conduite de Guillaume Soro et des Com’ Zones.

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