Tunisie:  Cette odeur de jasmin …

Tunisie: Cette odeur de jasmin …

La tradition est donc respectée. Les manifestations perlées de violences ont encore pis au cou la Tunisie. Quelques jours avant le septième anniversaire de la Révolution de Jasmin, la rue gronde à nouveau. Comme presque chaque mois de janvier depuis 4 ans. Mais cette fois, les choses semblent un peu plus sérieuses.

La loi de finances 2018 fait grincer des dents. Trop fort. Au point que les échos fendillent les murs des magasins, dégoupillent des bouteilles de gaz lacrymogène, provoquent des arrestations des centaines de Tunisiens,  engorgent des scènes de pillages et programment de grandes manifestations dont les effets sont à craindre.

Le gouvernement accuse des activistes d’activer les soufflets qui alimentent les fours de ces manifestations. D’autres y voient des ficelles tirées par des intérêts politiques et/ou économiques pour ouvrir un champ de chaos, fertile aux semis insoupçonnés.

Pourtant, certains croient simplement qu’il s’agit d’une éruption spontanée, normalement provoquée par la chute anormale du pouvoir d’achat et des conditions de vie des Tunisiens, une chute qui ne semble pas avoir de fin et qui crée des fissures faites d’injustes sociales, d’inégalités et de prolifération vénéneuse de la pauvreté. Lorsque donc les prix flambent, lorsque le gouvernement vote une loi de finances qui va tendre davantage une corde qui veut rompre, la réaction a de fortes chances de ne pas avoir les mêmes colorations que celles qui saupoudrent le ciel tunisien.

Mais au-delà de tout ceci, ce qu’il faut retenir, c’est que la fin du régime de Ben Ali ne semble pas avoir arrangé les choses que les Tunisiens avaient cru avoir arrangé avec la Révolution de Jasmin. Elles vont plutôt de mal en pis. Le gouvernement tunisien n’a pas su redresser la barre. Il s’est empêtré dans des difficultés de gestion économique dont le canal a débouché sur une inflation sans cesse croissante.

Les manifestations qui embrument donc en ce moment le pays ressemblent fort à celles qui ont secoué la Tunisie en 2011, créant les conditions climatiques du fameux printemps arabe. Mais le travail magmatique social (et sans doute économique et politique) arrivera-t-il à provoquer une seconde éruption au sommet du pouvoir tunisien ? Peut-être. Il faudra sans doute se poser cette ultime question : pourra-t-elle mieux faire que la première ?

Ahmed BAMBARA

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