Tunisie :  Double ouf de soulagement

Tunisie :  Double ouf de soulagement

Les démons en Tunisie, depuis les meurtriers attentats du musée du Bardo et de la station balnéaire de Sousse en 2015, avec une soixantaine de morts à l’époque, ces démons ne s’étaient assoupis que d’un œil, puisqu’ils viennent de rappeler de façon bruyante et mortelle qu’ils sont bien là, malgré l’intermède de roupille.

La paternité de ce double attentat du 27 juin 2017, que s’est octroyée l’Etat islamique (EI) est un grand coup porté et au secteur du tourisme tunisien et à la stabilité même du pays. Une Nation qui essaie depuis près de 20 ans de se dépêtrer des serres des djihadistes, notamment depuis l’attentat kamikaze contre la synagogue de Djerba en 2003, et de celui du 30 octobre 2013 à Ezzahrouni, de se frayer un chemin de l’Etat de droit avec la Constituante du 26 janvier 2014, les législatives d’octobre, et l’élection de Beji Caïd Essebsi le 21 décembre de la même année.

Le sort a frappé deux coups ce 27 juin en Tunisie avec le malaise gravissime d’Essebsi, presque concomitamment aux attaques des ouailles d’Al Bagdadi.

Heureusement qu’aux dernières nouvelles, la santé du patriarche-président s’est améliorée. ‘’D’état stable’’, Essebsi semble avoir repris les tâches supérieures du Palais de Carthage en main.

D’où la poussé d’un double ouf de soulagement, car ni le premier ministre, ni le président de l’Assemblée des représentants, n’aura à assurer un quelconque intérim. Ni provisoire, ni définitive, avec pour le second cas de figure de passer la main à un président intérimaire, dans les 45 jours à charge pour lui, de tenir des élections dans les 90 jours suivants.

Le pays est d’autant plus serein, que le deuxième scénario aurait fait arracher les cheveux à bon nombre de juristes, et même replonger la Tunisie dans une crise : les grands juges de la Cour constitutionnelle qui devraient, en l’espèce déclarer la vacance de pouvoir ne sont pas encore désignés, 5 ans après, à cause de bagarres vipérines entre les formations politiques.

Et ceci dit, il faudra d’ailleurs, pour les Tunisiens, qui depuis la révolution de 2011, ont opté de remettre balle à terre, il faudra pour eux de se doter d’institutions et d’hommes capables, donc rapidement de cette Cour constitutionnelle.

L’optimisme du bouleversement qui avait une odeur de Jasmin en 2011 n’a visiblement eu qu’une contagion limitée, dans le temps. La Tunisie de 2019 attend toujours, les retombées de sa révolution.

Et souvent entre les violences politiques tels les assassinats de Chokri Betaid en février 2013 et de Mohamed Brahim le 25 juillet de la même année, et les sporadiques coups sanglants des terroristes, la Tunisie tangue entre espoir et peur d’un plongeon dans l’inconnu, du fait d’une classe politique, anesthésiée durant des décennies, peine à opérer la mobilité qui sied. Ce sont donc des oufs de libération qu’il faut pousser avec modération, au regard de l’âge du capitaine Essebsi, et des conséquences de la crise aigüe qui a secoué l’exécutif durant 6 mois, née de la dispute sur les prérogatives entre le président et le premier ministre.

Aujourd’hui, Nidaa Tounes le parti d’Essebsi ayant perdu 22 de ses députés, est désormais dans l’opposition et c’est Ennhada qui boit son petit lait. C’est dire que les Beji Caid Essebsi, Youssef Chahed, Nourredine Taboubi, Rached Gannouchi, Hamma Hammami et autres Mehdi Jamba devraient œuvrer à rassurer car si en plus des terroristes, ceux qui animent la vie politique donnent aussi de l’urticaire aux compatriotes par leur mésentente.

La Rédaction

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