Tunisie : Moi, Kaïs Saïed, sénior «bleu» et président d’une jeunesse «Jasmine»

Tunisie : Moi, Kaïs Saïed, sénior «bleu» et président d’une jeunesse «Jasmine»

Comme dirait l’homme de la rue tunisienne, Kaïs Saïed a pris sa chose. Hier celui qui était inconnu dans l’arène politique il n’y a pas longtemps et qui se sera fait une image en se transformant en oracle politico-religieux sur le petit écran est devenu ce 23 octobre 2019, le deuxième président élu depuis la Révolution de 2011, en prêtant serment devant l’Assemblée constituante conformément à l’article 76 de la Constitution.

Le nouveau locataire du palais de Carthage est le fruit d’un petit tsunami politique pour ne pas dire un OVNI en la matière, car il n’a été formaté nulle part, n’appartient pas à un parti politique et ne possède pas d’appareil. Son élection constitue une énigme, vite élucidée, puisqu’il représente le vote-rejet d’une classe politique, jugée incompétente que boulimique.

La tonalité de son propos d’investiture est restée la même que celle de ses prestations télévisuelles.

Travailler, encore travailler et toujours travailler pour paraphraser Dante, et pour cela, le nouveau chef de l’Etat propose que ses compatriotes fassent don d’un jour de travail, pendant 5 ans afin de remplir les Tonneaux de Danaïdes que constitue un endettement stratosphérique.

La condition féminine a traversé son discours, mais ici on attend qu’il éclaircisse sa pensée, puisqu’il est pour une application stricte de certaines lois qui défavorisent justement le genre.

La  croisade contre le terrorisme et la corruption figurent en bonne place dans l’agenda de ce sexagénaire, qui, même s’il n’a pas insisté, a en mémoire les attentats du musée du Bardo du 18 mars 2015 (24 tués) de la station balnéaire de Sousse du 26 juin 2015 (39 victimes).

Quant à la corruption, chaque Tunisien est prévenu «Nul ne peut être hors-la-loi».

Le candidat Kaïs Saïed transparaît dans le président élu, mais comme toujours la théoria est une chose, la praxis en est une autre en politique ! Kaïs Saïed a revêtu la toge du réhabilitateur des idéaux des fragrances tunisiennes, qu’on a aggloméré en révolution de Jasmin. Pourra-t-il les transformer concrètement ?

Il y a un fil rouge qui relie Kaïs Saïed au jeune vendeur de fruits Mohamed Bouazizi, l’auteur de l’autodafé du 17 décembre 2010 de Sidi Bouzid qui fut le détonateur qui décoiffa le Raïs Ben Ali. Ce sont des jeunes tels que Bouazizi qui ont élu l’impétrant d’hier, des jeunes qui rongent leurs freins depuis 8 ans, ne voyant rien venir ou plutôt voyant leur espoir s’éloigner comme une ligne d’horizon et qui, ont opté de ‘’renvoyer’’ les politiciens professionnels. Et choisir un «bleu». Une victoire nimbée de défis et quels défis !

Vaincre d’abord le «système», c’est-à-dire toutes les forces d’inertie, qui lui glisseront des peaux de bananes et lui créeront des chausses-trappes.

Baliser un terrain politique qui lui est défavorable, à commencer par le parlement où l’attend Ennhaada majoritaire à l’Assemblée avec ses 58 députés, un parti islamiste qui rumine sa défaite et qui avec «son» gouvernement ne fera pas de cadeau au nouveau président.

Pas de marge de manœuvre avec ce corset de cohabitation, pas d’état de grâce, astreint de respecter ses engagements, face à ses mandants, les jeunes révolutionnaires. Assurément, Kaïs Saïed aura besoin des qualités d’un quasi-démurge pour réussir. Et le premier signe viendra du gouvernement attendu dans les prochains jours.

Sam Chris

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